mercredi 22 octobre 2008

Maintenant je sais

"Qu'est-ce que tu vas faire quand tu seras grande?
- Euh...."

* * *

Je ne me souviens plus ce que je voulais faire quand j'étais petite.
Est-ce que la plupart des enfants savent quoi répondre à cette question?

Moi, je ne savais pas. Ou plutôt, oui, je savais, mais j'ai compris bien assez tôt que j'avais l'âme girouette... Il y a tant de choses qu'on peut faire, surtout pour les gens de ma génération, qui ont été élevés à coup de "quand on veut, on peut", de "tu peux réaliser tous tes rêves", et de "si tu réussis bien à l'école tu pourras faire tout ce que tu veux". Oyé oyé les enfans, ce que dit Brel, c'est des conneries, l'inaccessible étoile n'est pas inaccessible du tout, elle est à votre portée, suffit d'un peu de travail et de volonté. Tant de choses qu'on peut choisir quand on croit qu'on peut tout faire, des millions de possibilités, toutes aussi valables les unes que les autres... comment savoir laquelle est la bonne?

Moi, je veux tout, comme dans la chanson d'Ariane Moffat. Je veux tout, pour ne pas risquer de manquer quoi que ce soit, ce qui serait bien épouvantable. On n'a qu'une vie à vivre, et je ne veux pas la rater.

Petite, un jour, je voulais être vétérinaire. Le lendemain, je voulais être coiffeuse. Le surlendemain et les jours qui suivaient, astronaute, chanteuse, propriétaire d'un restaurant, architecte, professeur, scientifique, musicienne, lectrice de nouvelles, humoriste, agricultrice... A l'adolescence, sentant le moment fatidique du choix se rapprocher, je me suis procuré des petits livres répertoriant les choix de carrière possible suite aux études collégiales et universitaires: à bien y penser, ce n'était pas une bonne idée. J'ai ainsi ajouté à ma liste plein de professions auxquelles je n'aurais pas songé autrement: scénariste, psychologue, audio-prothésiste, orthophoniste, linguiste, urbaniste, traductrice, et beaucoup, beaucoup, beaucoup d'autres. Beaucoup trop.

Tout ça, c'était il y a déjà un bout de temps. L'enfance, l'adolescence, le moment des "grandes décisions". Comme si on n'avait qu'une chance de se choisir. Depuis, la vie a suivi son cours, j'ai fait des trucs que j'ai généralement aimés, d'autres moins; je suis devenue musicienne, mais ce n'est pas tout ce que je suis; plein de trucs m'ont choisie, mais moi, je ne suis pas toujours certaine d'avoir choisi mon truc.

On est loin passé l'adolescence, quand même... J'ai 31 ans, et voilà, je ne sais pas plus maintenant qu'il y a 15 ans.

Je ne sais pas quel est mon rôle. Ma mission, si j'en ai une. Je ne sais pas quelle est cette chose merveilleuse à laquelle il serait valable que je consacre ma vie. Je ne sais pas quel est le sens de tout ça. Je ne sais pas si un jour, je saurai. Mais pendant que je cherche à savoir, c'est la vie qui passe, sans se soucier que je trouve ou non.

Soudain je me souviens que je m'étais promis d'essayer le delta-plane un jour, de faire de la peinture, de prendre des cours de danse, et de m'acheter un piano à queue, et ça me semble tout-à-coup terriblement important.

Et bien voilà. Sur ce j'ai bien envie de citer Jean Gabin:

"Maintenant je sais... je sais qu'on ne sait jamais.
La vie, l'amour, l'argent, les amis et les roses
On ne sait jamais le bruit ni la couleur des choses
C'est tout c'que j'sais, mais ça, j'le sais!"














1 commentaire:

Anonyme a dit...

Encore encore! J'attend le prochain post!

Othniel