vendredi 2 novembre 2007

En attendant...

"Y'a juste une chose, par exemple...

- Bon. C'est quoi?

- L'appartement va se libérer juste en novembre."

C'était il y a presque 3 mois.

Bon, c'était pas l'idéal, c'est certain. Deux mois à "s'arranger" entre deux logis. Deux mois de sans domicile fixe. Deux mois à patienter, à attendre notre tour, à avoir hâte de mettre enfin nos doigts sur la clef de notre nouveau nid douillet.

A vivre deux avec un toutou poilu dans un 2 et demi minuscule. Dans un sous-sol. Sombre... avec du tapis. Sans bain, juste une douche trop petite. Et une mini laveuse, qui coule sur le tapis en plus. En sous-location dans les affaires, les bibelots, la vaisselle et les meubles de quelqu'un d'autre.

Je n'ai pas écrit depuis deux mois. Je n'ai pas lu depuis deux mois non plus. Je ne me suis pas vraiment entraînée, je n'ai pas vraiment bien mangé, et quand je l'ai fait, c'était sur un coin de comptoir. Je n'ai pas pris de long bain chaud en relaxant. Du camping forcé, en fin de compte... comme si ma vie avait été sur pause tout ce temps.

Et là, voilà, il y a deux jours, quelque chose de fabuleux s'est produit...

"Toc-toc-toc.
-Mmouii?
-J'suis venue te donner les clefs, j'ai fini de sortir mes affaires."
-Ah, oui, ok. Merci.
-Bon ben... bonne journée là!"

J'sais pas pourquoi j'me suis sentie obligée de faire comme si c'était anodin et presque sans intérêt... Bah, après tout, se faire donner un petit trousseau de clefs, y'a plus excitant, quand même... Pourtant, dans ma tête, ça criait des "YÉÉÉÉ!" et des "ENFIIIIIIINN!" à n'en plus finir, comme si j'avais attendu ce moment-là pendant des mois...

Eh ben voilà, l'attente est finie.
Ça fait du bien d'être de retour dans sa propre vie :O)

samedi 1 septembre 2007

Untel

Facebook, vous connaissez?
À voir la quantité de personnes que j'y retrouve, assurément, oui, vous devez connaître...
C'est un site internet sur lequel on s'inscrit, on s'affiche, on met en ligne ses photos, on retrouve des amis perdus de vue depuis longtemps...

C'est sympathique. Des heures de plaisir. Des "qu'est-ce que tu deviens" à la pelletée, et des tonnes de trois petits points dans ce qu'on envoie comme réponse. Des tonnes d'occasions de se définir et de tenter de résumer sa vie de façon plus ou moins glorieuse en quelques brefs paragraphes.
Sympathique, donc, mais en même temps...
...étrange.

Ben... pour rejoindre mes amis, le téléphone, il paraît que ça marche encore.
Et puis, il y a les emails.
Et pour les amis perdus de vue...
Je veux dire... je ne voudrais pas diminuer l'importance de qui que ce soit, et il y a bien des personnes que je suis très contente d'avoir retrouvées sur facebook, mais techniquement, comme ils étaient perdus de vue... je peux vivre sans.
Et d'un autre côté, j'ai envie de savoir ce que chacun est devenu...

Soyons honnête, il y a bien un peu de curiosité là-dedans. Je ne dirai pas qu'en chacun de nous sommeille une mémère-potineuse-de-village, je vais me contenter de dire qu'en moi, il y en a une. Une p'tite senteuse fatiguante, comme le personnage de Marie-Lise Pilote qui espionne les voisins avec ses jumelles. Une mémère, pas pour mal faire, là... juste par curiosité. Qu'est-ce qu'untel est devenu, une telle a-t-elle des enfants, ces deux-là sont tu encore ensemble, celui qui avait des meilleures notes que moi est-il devenu médecin, lui, au moins... Le genre de voix intérieure qui ressort à l'occasion d'un conventum du secondaire, mais qui, grâce à la magie de l'internet, peut maintenant transformer ma cervelle en bavasserie de basse-cour à l'année longue.

Bon, ça, c'est pour la part de curiosité. Il y a bien autre chose, quand même, qui nous pousse à vouloir retrouver de vieilles connaissances... Un peu de nostalgie, sûrement. L'envie de ratrapper le temps perdu, aussi. Mais si je suis vraiment honnête avec moi-même, et donc avec vous qui me lisez, je dois admettre qu'elle est forte, l'envie de voir si je suis "comme les autres". Docteur, j'ai trente ans, j'ai encore la bougeotte, je déménage à tous les ans, je suis déjà divorcée, je ne sais pas encore ce que je vais faire de ma vie... Suis-je normale? Et les autres, eux... comment ils sont?

Je ne sais pas vous, mais moi, savoir que untel a vachement bien réussi et que une telle a embelli et qu'elle vit en Espagne, ça m'écoeure. J'aime bien savoir qu'on grossit, qu'on ramollit, et qu'on a notre lot d'épreuves. J'aime bien savoir que je ne suis pas toute seule.

Moi, savoir qu'untel est un loser, ça me fait du bien, ça me rassure. La pression tombe. Plus besoin d'impressionner et d'être la meilleure si je sais déjà qu'au moins, je ne suis pas la pire.

...

C'est moche, hein?

Toujours la petite voix intérieure qui compare, qui zyeute, qui checke, qui évalue.

Ben voilà: je n'ai jamais été particulièrement en faveur des fameux bulletins scolaires avec des lettres, des étoiles et des bonhommes sourires au lieu des chiffres et des pourcentages... je n'ai jamais été particulièrement contre non plus, en fait je ne me suis jamais tellement sentie concernée par le sujet, pour être franche... mais j'avoue qu'au fond de moi, quand le sujet refait surface au bulletin de 18h00, j'ai toujours plutôt tendance à défendre notre bon vieux fonctionnement traditionnel.

"La réalité, c'est que tout le monde n'est pas également doué."
"Oui mais... chacun a ses forces et ses faiblesses. "
"Ne devrions-nous pas préparer nos jeunes à affronter la dure réalité de notre société axée sur la performance?"
"Oui mais... ne sommes-nous pas en train de perpétuer ce fonctionnement justement en formant nos jeunes à coups de chiffres, de comparaisons, de cotes et de pourcentages?"

Enfin bref, toute argumentation vaut ce qu'elle vaut, et ça pourrait continuer comme ça longtemps... Pour ma part, je me demande simplement si les bulletins chiffrés n'auraient pas donné naissance à une génération de gens qui se comparent. Qui retrouvent l'impression de leur propre valeur seulement lorsqu'ils arrivent à se dire "yessss, j'ai eu la meilleure note". Ou bien si ça fait simplement partie de la nature humaine, peu importe le type de gribouilli présent sur les bulletins.

Quoi qu'il en soit, facebook, c'est le paradis des curieux.
Surtout des curieux qui veulent savoir si untel est pire ou mieux qu'eux.

* * *

Lui: "À qui t'écris?
Elle: -Un ami sur facebook. Un gars du secondaire.
Lui: -Ah..."

...

"C'est qui ça, la nouvelle fille qui est dans tes contacts?
-C'est Josianne.
-... LA Josianne?
-Oui oui, c'est elle.
-Ah. C'est elle qui t'as trouvé, ou c'est toi?
-Elle.
-Ah."

...

"C'est drôle, y'a plein de gars qui ont le même nom que mon ex sur facebook.
-Pourquoi, ...tu le cherches?
-Ben non, là, je checkais juste comme ça, pour le fun.
-Ah..."

...

"Eille, c'est spécial, j'ai une amie du primaire qui m'a retrouvé.
-Ah ouin? Bizarre, ça.
-Quand on était petits, elle était boulotte un peu, tout le monde la niaisait avec ça.
-Ah.
-Elle est rendue pas mal pitoune.
-..."

...

"J'ai un vieil ami, on faisait de la musique ensemble au secondaire...
-...et?
-ben, on s'est retrouvés, mais il me répond jamais. C'est platte.
-...
-Je l'aimais bien, cet ami là... C'est poche qu'il me réponde pas.
-Ben là, ça a dont ben l'air de te déranger..."

...

"My God, est dont ben belle, cette fille là... c'est qui?
-Elle? Ah, personne... une fille que j'ai connue au cégep.
-Une amie?
-Oui. Tsé, la chanteuse dont je t'ai parlé qui a eu plein de contrats super payants?"
-Bon, une autre affaire..."

...

Facebook, terre fertile pour la jalousie, aussi.
Mmmh, je pense que ce sera le thème d'une autre séance, docteur.

dimanche 12 août 2007

Casse-tête

C'est un vrai casse-tête. Un vrai de vrai, un 3 dimensions, un 5000 morceaux, une image avec des changements de couleur flous, un casse-tête neuf aux rebords presque coupants et qui sent le carton d'usine. Un vrai, je vous dis. Peut-être pas dans le sens habituel, mais quand même. Je m'explique.

On a décidé de retourner vivre dans les laurentides. C'est là qu'elle est, cette maison qu'on cherche. Ben, en fait, on ne l'a pas encore trouvée... mais on a décidé de l'endroit où chercher, c'est déjà ça. En attendant, un appartement dans la région fera l'affaire.

Simple, vous vous dites? Trouver l'appartement. Aller en visiter à 70 kilomètres de mon chez-moi actuel. Trouver un propriétaire qui accepte le puppy. Trouver quelqu'un pour prendre ma place dans mon 5 et demi anti-animalier. Dealer avec mon propriétaire frustré. Planifier les activités financières de l'automne à une heure de route. Repenser nos vies. Faire des boîtes, démonter les meubles ikéa. Des heures de plaisir en songeant à tout le bonheur que nous aurons à vivre entourés d'arbres et à apprendre à notre compagnon-poilu-non-clandestin plein de choses originales... Couché, reste, roule, arrête de japper, donne la patte. :O)

Mais le casse-tête, ce n'est pas ça. Pas tout à fait... du moins pas au sens où on l'entend généralement. Un casse-tête, c'est quelque chose de compliqué qui ne prend forme qu'après maintes et maintes tentatives du genre "le morceau rentre pas vraiment là, mais peut-être que si je pouvais le forcer juste un p'tit peu...". Allez, avouez donc, on s'est tous déjà essayés à faire entrer un boutte carré dans un trou rond, juste pour voir... tout d'un coup que ça marcherait, après tout, "me semble que c'est là que ça devrait aller". Dans le casse-tête, et dans nos vies aussi. On ne se rend pas jusqu'à forcer les choses vraiment... on ne voudrait pas briser un morceau de l'image... On fait juste s'essayer, s'imaginer qu'on a un peu de pouvoir sur les choses.

Le beau du casse-tête, c'est quand ça marche. Quand ça sort du chaos de la boîte. Enfin. Le boutte rond dans son encavure ronde, les morceaux de ciel avec les morceaux de ciel... Quand ça marche partout, là, pas juste avec les morceaux-du-contour-qui-sont-faciles-à-trouver à cause du côté droit!! Partout, chaque morceau dans son trou, chaque chose à sa place, chaque bout de paysage finalement complété. Sans rien forcer.

En une demi-journée de parution d'annonce sur les Pac, j'ai trouvé un couple pour prendre ma place. En 2 journées de visite, le futur logis dog-friendly est trouvé. En à peu près l'équivalent en recherches et entrevues, mon chum a réglé son salaire pour l'automne avec une compagnie de Sainte-Adèle. Bref, moins d'une semaine, et tout prend sa place, comme si tout avait eu une place bien déterminée à l'avance. Tout ça à partir d'un petit chien.

* * *

"...pis à part de ça, moi, c'est sûr que je reprends le logement l'année prochaine pour aller rester dedans, facque c'est certain que ton monde qui veulent reprendre le bail, ben j'vais leur dire qu'ils vont l'avoir jusqu'en juillet, pis après ça, c'est moi qui prend la place. "

Ah bon.

Tout ça pour apprendre que si j'avais pas planifié mon déménagement cette année, alors que tout semble comploter pour que ça se fasse, j'aurais sûrement été prise pour déménager de toute façon l'année prochaine.

En plus, il s'avère que les nouveaux locataires sont contents de l'arrangement, pressés qu'ils sont de partir de leur logis actuel, quitte à ce que ce soit pour une année, en attendant de trouver un endroit à plus long terme l'an prochain.

Non mais, c'est tu ben faitte rien qu'un peu?!
Ça, c'est un moment où on se dit, l'air satisfait, que "rien n'arrive pour e-rien".

Vraiment, j'aime bien penser que c'est pas moi qui choisit. :O)

jeudi 26 juillet 2007

3 ch 1sdb ss fini

poss bigénération ou duplex poss prop occ, occ rapide bcp potentiel ss 6 pi 1 sdb 1 sde 1 sfm bcp réno int gr fen neuve au sal sam pl bois fr...
À QUI LA CHANCE???!!!!!!!!

Hum. À qqun qui a bcp talent lect. et bcp $$$.

Des fois j'ai l'impression de passer mes journées à m'arracher les yeux et la cervelle à lire ce qui ressemble étrangement à des courriels d'ados.

Et un duplex par ci, et un condo par là, et une maison-bric-à-brac pas chère, et une autre encore moins chère parce qu'elle est plus loin de Montréal (que privilégier... l'emplacement ou le prix?) , et une maison en rangée, et un semi-détaché, et une avec un sous-sol fini, et l'autre avec le sous-sol à finir (le choix de le finir comme on veut, ou la facilité?) , et un condo dans un immense bloc avec piscine et sauna, et un autre sur un petit cul-de-sac avec son entrée privée (le luxe ou l'intimité?), et une maison avec un terrain grand comme ma main, et une autre avec un immense terrain qui coûte cher de taxes...

Ça y est, les abréviations des descriptions de propriétés valsent dans ma tête, ça m'étourdit, le coeur me lève...

Trop de choix, c'est comme pas assez.

* * *

J'ai toujours eu de la difficulté à prendre des décisions. Choisir, quelle horreur... Choisir, c'est se prononcer, s'affirmer, aller dans une direction et accepter de ne pas aller dans l'autre...

Je me souviens des rendez-vous cinéma avec mon premier chum, un indécis lui aussi. On se renvoyait les "Je sais pas, choisis, toi..." comme des coups gênés de balle de ping-pong. C'était encore pire au club vidéo... plus il y a de possibilités, pire c'est, on dirait. "Non, toi choisis, moi non plus ça me dérange pas..."

Ça me plaît de croire parfois que je ne choisis pas, que les choses s'imposent à moi. Ça me plaît quand même un peu de penser que c'est la vie qui décide, au bout du compte. Moins de pression sur mes petites épaules qui manquent d'entraînement.

* * *

Ça y est, il arrive.
Le proprio, à cheval sur sa moto... c'est le jour du loyer.
Faudra lui annoncer...

"Ça a l'air que vous voulez vous en aller? (bon, les potins vont vite)
- ...
- Ça prend 6 mois d'avis.
- ...
- Ou ben 3 mois de loyer."


Les trois-petits-points, c'est mon chum, dos à moi, dehors en tête à tête avec le propriétaire, tandis que je m'assure dans la cuisine que pépito-le-puppy fait son petit chien tranquille. Mon chéri répond bien correctement, j'en suis certaine, mais comme il est dos à moi, je n'entends rien. Je fais semblant de faire la vaisselle, question de me donner une contenance (même si personne ne me voit) en essuyant sans relâche le même contenant de plastique, tout en essayant d'entendre ce qui se dit dehors.

Le proprio semble insulté.
Ça vire au vinaigre.

" C'est pas moi qui ai manqué de respect dans c't'histoire là, c'est vous autres! "

Bon, là, il marque un point.

" Si vous voulez partir, ça va vous coûter 3 mois de loyer... moi ça m'dérange pas, j'ai déjà 3 personnes qui aimeraient ça avoir votre appartement."

Nous faire payer un dédommagement alors que tu sais très bien que tu ne perdras pas une cenne? Oups!! C'est fou comme un point gagné est vite perdu!

Et bla bla par ci, et bla bla par là, il est visiblement insatisfait, ce que je comprends plus ou moins étant donné qu'on fait ce qu'il faut faire... On a finalement décidé, on ne se débarassera pas du chien, alors on prévoit s'en aller, c'est tout. On respecte la règle: pas de chien dans l'immeuble. Inutile de vous dire qu'on ne prévoyait pas pour autant sacrer notre camp comme des sauvages! Je m'attendais à un arrangement tout simple, "laisse-nous un peu de temps, on se trouve un endroit, on te trouve quelqu'un, et on s'en va". Pourtant, on aurait dit que dans sa tête à lui, en une fraction de seconde, son idée était faite: nous sommes des trou-de-cul et des faiseux de trouble, et nous allons forcément soit brèter trop longtemps à son goût dans son logement chéri, soit partir trop tôt et le mettre dans le pétrin. D'un côté comme de l'autre, selon lui, c'est nous les méchants, les pas bons. Leçon numéro 1: apparemment la moindre dérogation à une règle établie par "l'autorité" nous appose à jamais l'étiquette de "pas-fiable".
Tout ça m'aura au moins appris quelque chose, moi qui n'ai jamais transgressé autre chose que des règles incompréhensibles de no-parking.

Tout choix comporte une perte, j'ai appris ça dernièrement.

Je m'attendais à perdre un appartement, rien de bien important, que du matériel.

J'ai perdu mon image de bonne-p'tite-fille-toujours-bien-sage, en choisissant de vivre selon mes critères et mes règles à moi. Ce n'est certes pas de tout repos, mais finalement, c'est plutôt réjouissant. Au fond, c'est probablement ça, être adulte. Assumer. Toute sa jeunesse on se fait dire ce qu'il ne faut pas faire... alors que pour être adulte, il faut assumer que parfois, un interdit, ça se transgresse.

Monde de fous.

Bon, elle est où, déjà, cette maison?

jeudi 19 juillet 2007

Papa, est-ce que je peux avoir un chien?

"Non.
-Ben là... Pourquoi?
-On a décidé que c'était non, c'est tout.
-Je te jure que je vais bien m'en occuper, ça ne dérangera personne... Envoye donc, nomme moi juste une bonne raison pour me dire non...
-J'en ai pas, de bonne raison, je te dis pas que c'est logique non plus, mais c'est une question de principe, c'est non, c'est tout. T'es pas chez vous, faqu' c'est moi qui décide."

Un regard de piteux-pitou n'a visiblement pas été suffisant.
Évidemment, ce n'est pas mon père qui vient de se prononcer, mais bien le propriétaire, pourtant le ton de voix est vraiment à s'y méprendre... Ben en fait non: mon papa à moi, il aurait pas été platte de même.

Bien sûr que je ne me suis pas abaissée à faire pitié en invoquant la fausse couche comme suprême argument émotivo-dramatico-affectif. Je me suis peut-être privée là d'un argument de choix, finalement...

"Bon. Faqu' qu'est-ce que tu proposes?
- Débarrasse-toi-z-en, ou ben déménage.
-..."

Bon, là, je vois ça d'avance: tous les propriétaires parmi vous vont se dire qu'ils comprennent; après tout, un chien, ça gruge les cadres de porte, ça jappe, ça fait peur aux personnes âgées, ça grafigne les planchers, ça chie partout, mon logement va avoir l'air du yâble, moi aussi j'aurais dit non. Sauf que vous savez quoi? Mon chien pour le moment ne fait rien de tout ça même si à son âge il est en principe dans le pire moment de comportement-énervé-pas-du-monde-de-petit-
chien. Et vous savez quoi aussi? Au pire, du caca ça se ramasse, un cadre de porte, ça se répare, un plancher, ça se protège avec des carpettes, et au pire ça se répare aussi; un maître, ça se responsabilise, autant qu'un chien qui prend des cours de dressage se dresse. Bref, me voilà dans la plus courante des situations: je me sais capable de faire en sorte de respecter les autres locataires et les lieux, mais je paye pour tous les épais incapables du monde entier qui ont déjà eu la brillante idée de faire chier leur rue tout entière en laissant leurs 3 dobermans seuls à la journée longue enfermés dans un 2 et demi.

C'est plutôt humiliant.

Je commence à trouver que j'ai passé l'âge de laisser quelqu'un d'autre décider pour moi.
Que la vie décide que je n'aurai pas de bébé dans 9 mois, c'était déjà un peu de trop.
Que le proprio se mette de la partie, c'est la goutte qui fait déborder mon verre de sangria cheap.

Et...

Et si....?

...

Et si moi, je devenais...

... propriétaire?

:O)

Je pourrais garder ma bibitte poilue, me sentir vraiment chez-moi pour une fois, et arrêter de jeter mon argent par les fenêtres à chaque mois...

Simple et facile, hein, comme vision?

Ben oui, je sais, être propriétaire, ça représente aussi des responsabilités, des dépenses, des réparations, du stress, des inquiétudes... j'aime mieux ne pas y penser. D'ailleurs, vous non plus, vous ne voulez pas y penser. Vous seriez encore tous locataires comme moi si vous vous y étiez vraiment arrêtés. Vous n'auriez pas eu de maison, d'enfants, de commerce, de rêve, de vie, et vous seriez peut-être en train de vous dire "j'aurais donc dû". Non merci.

Bon, le seul problème, c'est qu'en ce moment, je n'en ai pas réellement les moyens, mais si quelqu'un peut au bout du compte échanger un trombone pour une maison, je peux sûrement trouver un moyen moi aussi.

Reste juste à trouver.

Il me reste un mois et demi de vacances et de bail. Ça devrait suffire.

dimanche 15 juillet 2007

Pet Shop

Ça fait déjà presque longtemps...
Presque déjà deux mois et des poussières...

* * *

Un matin d'avril, je me lève, le coeur au bord des lèvres, comme à tous les matins depuis quelques temps...

Un pipi et quelques minutes plus tard, me voilà les yeux bien écarquillés devant mon petit bâton de plastique clearblue qui affiche un beau "+" bien évident comme sur le mode d'emploi...

?!...!! Ça y est!! Déjà??; Enfin!! : Je suis enceinte!!!

Dans ma tête, les déjà et les enfin s'entremêlent avec tous les signes de ponctuation existants, et je me demande bien de quoi je peux avoir l'air tandis que je reviens dans le lit en guettant d'avance la réaction qu'aura mon chéri quand je lui dirai enfin/déjà que c'est enfin/déjà positif.

(...)

Il n'a pas dit grand chose, mais vous savez, une face vaut bien des signes de ponctuation réunis.

* * *

C'est fou ce que ça pense vite, un cerveau... Alors que parfois c'est si paresseux et lambineux, tout à coup ça se met à penser à tout en même temps: les noms, les maisons de naissance, la pièce de la maison à transformer en chambre d'enfant, les sièges d'auto, les parents qui vont devenir grand-parents, les listes de téléphones à faire, de choses à lire, à apprendre... En deux temps trois mouvements mon navigateur internet est rempli de nouveaux liens dans mes favoris, une épicerie santé est faite, un livre sur le développement de bébé est acheté, et je sais déjà qu'il y a là-dedans un petit coeur...

* * *

Compenser: contrebalancer, équilibrer, racheter, indemniser.

* * *

Bon, je ne vous ferai pas le coup, je ne vous ferai pas croire ni pendant des jours ni pendant des semaines qu'il y a un petit être caché derrière mon nombril. Quelques temps plus tard, après un gros mal de ventre inquiétant et trop d'heures passées à l'urgence, après des examens, des prises de sang, des espoirs, des inquiétudes et après avoir développé un genre de simili-trouble-obsessionnel-compulsif me poussant à aller aux toilettes toutes les demi-heures pour estimer mes pertes de sang, le verdict est tombé de la bouche de l'échographe, à peu près aussi froid que le gel qu'on vous met sur le ventre pour tenter d'y voir quelque chose à l'échographie.

"Y'a aucun signe de grossesse, tout est évacué. Au moins t'auras pas besoin de curetage."

* * *

Compenser ( suite ) : Compenser une perte par un gain, un ennui par une satisfaction.

* * *

Bête, comme histoire, hein? Banal, même, si on considère qu'une grossesse sur 4 se termine par une fausse couche... Plutôt platte, je dirais. Tous ces espoirs qui tombent à l'eau, que voulez-vous, ça ne fait pas une histoire drôle, c'est moche, c'est dur à traverser peu importe les "y'en aura d'autres" qu'on peut nous dire pour nous réconforter, mais c'est ça qui est ça, en tout cas c'est ça qu'aura été mon printemps 2007. De l'inquiétude, des bleus de prises de sang sur les bras, des poches sous les yeux, un temps de merde et un poster de winnie l'ourson qui traînera pendant un bon bout de temps dans l'amertume de mon garde-robe.

* * *

Compensation: Avantage qui compense un désavantage. Dédommagement, réparation.

* * *

J'ai été plusieurs semaines à haïr intensément les femmes enceintes, de mêmes que tous les êtres humains osant se promener avec une poussette devant moi. Ça, c'est tout un tabou à défaire, quand même. Haïr une femme enceinte, ça ne se fait pas vraiment, surtout quand on l'haït spécifiquement parce qu'elle a une belle bedaine et qu'elle semble heureuse et épanouie... Ça ne se fait pas, et pourtant, en en parlant autour de soi, c'est fou comme on se rend compte que c'est répandu.

"Bon, une telle est encore enceinte, la vache..."

* * *

Compensatoire: qui compense. (ah bon.)

* * *

Bon, tsé, finalement, la vie reprend son cours, le travail, les questionnements, les émissions de télé insignifiantes, les poussettes sur la rue, les vacances qui approchent, les vélos qui sortent, les bedaines en chandails moulants, enfin rouler en voiture les fenêtres baissées, la routine, le travail, planifier un petit voyage pour l'été qui s'en vient, les bébés en poussette qui font des risettes.

La vie reprend son cours, mais pas tant que ça. Juste un peu à la fois.

* * *

Finalement, on se paie des trucs. On le mérite bien, l'année a été dure après tout... Des vacances, des restos, des soirées au cinéma... Une folie par ci, un extra par là, et puis tant pis, gardez la monnaie... je le mérite bien, comme dans la pub de l'Oréal.

* * *

Deux petits yeux doux, tellement doux... et intelligents aussi! De petites dents toutes blanches, deux belles longues oreilles, une belle langue rose, de grosses papattes fortes et poilues, une petite bête charmante comme on en voit rarement...
Le chiot le plus mignon, le plus calme et le plus docile que j'aie jamais vu. J'ai craqué pour un cocker, en plein pet shop durant mes vacances ;O)

Il me reste à amadouer le propriétaire. Un regard de piteux-pitou devrait suffire.

En attendant, je flatte, je nourris, je promène, je ramasse le caca, je répète mille et une fois assis, couché, reste, je me fais arrêter à tous les coins de rue par les passants qui n'en reviennent pas de voir mon beau petit pitou. Et pendant ce temps-là, c'est drôle, les bedaines des plus-chanceuses-que-moi me dérangent un peu moins, occupée que je suis à catiner ma bibitte bien poilue.

* * *

Compensation: acheter un chien après une fausse couche.

* * *

Ben quoi? On n'a qu'une vie à vivre...



vendredi 25 mai 2007

A +

"Merde. J'vais encore pas savoir où regarder, et il va encore falloir que je cache ma note."

C'est à peu près ce qui se passait dans ma tête quand le professeur annonçait, à la demande générale de mes camarades de classe un peu trop curieux à mon goût, que c'était encore moi qui avait eu la plus haute note.

"Combien qu't'as eu?"

...

Je me souviens des "Combien qu't'as eu?", comme un genre d'intrusion perverse dans mon intimité, comme des attentats à la pudeur déguisés en intérêt véritable pour ma petite personne... Bien sûr que dans un sens, j'étais fière de dire que j'avais eu tout-bon... mais ce n'était pas à moi vraiment qu'on s'intéressait, dans ces moments-là, ni à ma fierté, d'ailleurs. C'était à mes notes, et surtout, à l'écart entre mes notes et celles des autres.

"Comment tu fais??

Je me souviens aussi des "Comment tu fais?", et des regards un peu éberlués qui venaient généralement avec. De l'impression d'être un extra-terrestre aussi, je me souviens.

"Euh... j'sais pas... j'm'en rappelle, c'est tout..."

Moi qui ne me vantait jamais d'avoir de meilleurs résultats que quiconque alors que j'aurais bien pu m'asseoir sur mes 30-points-d'écart-d'avec-la-moyenne, croyez-moi, quand quelqu'un d'autre avait 1 point de plus que moi, ça se savait, et assez vite.

"Je l'ai battue!! Je l'ai battue!"

Comme un vulgaire monstre de jeu vidéo qui nous empêche d'aller au tableau suivant.

"Non mais, j't'ai tu écoeuré en public avec ça, moi, les 72 autres fois dans l'année où j'ai eu 38 points de plus que toi ?"

J'aurais bien aimé être moins douée, mais avoir le sens de la répartie à la place.

* * *

Bon, j'ai aussi mes C - , comme tout le monde. Des D, même. Des ruptures, des doutes, des refus, des recommencements boiteux, ... ah oui, j'ai coulé mon permis de conduire à deux reprises, aussi. :O)

Évidemment, ça pourrait être pire. J'aurais pu sombrer dans la drogue, faire faillite 8 fois en sept ans, mettre le feu à ma maison et me faire prendre par mes assurances ou encore être témoin de la mort sanglante de mes parents adoptifs dans un terrible accident de voiture le jour de Noël. Là, vraiment, j'aurais pu sans vergogne écrire un livre sur mon histoire, et y décortiquer, avec maints encouragements de tous et chacun, les tristes causes de ma vie difficile, ainsi que les sources de ma nouvelle appréciation des choses simples de la vie: travailler comme serveuse, être une humble mère monoparentale, regarder le coucher du soleil des fois, pouvoir offrir de la plasticine qui sent la cerise chimique à mes enfans. Yé.

"Ce soir à Claire Lamarche, spécial "Je m'en suis sorti". "

Non, au lieu de ça, moi, je me contente de problèmes tout à fait banals... subtils, même. Rien qui soit répertorié dans la grande encyclopédie des vrais problèmes. Que des trucs ordinaires desquels on peut toujours se faire dire "Ça aurait pu être pire". Juste des C moins, ou des D.

Bien sûr, mais pour moi, avoir juste 83%, ce n'est pas normal. Vous me trouvez névrosée? Peut-être, sûrement, en fait... comme tout le monde. Mais sachez que je suis loin d'avoir inventé tout ça... Même si j'ai beaucoup aimé la plupart de mes professeurs, tant au primaire qu'au secondaire, j'ai des souvenirs très clairs de la remise de certains travaux ou examens... Je me souviens très bien des "Qu'est-ce qui s'est passé??" notés à l'encre rouge quand j'avais moins que 85, ou plus horrifiant encore, moins que 80... alors que l'habitué-des-échecs du pupitre d'à côté se voyait ensencé par un "Continue ton bon travail!" lorsqu'il dépassait enfin le cap des 65. Deux poids, deux mesure; la norme pour moi, et la norme pour les autres.

* * *

J'ai appris dernièrement quel était mon groupe sanguin.
A +.
Voilà qui explique tout.

mardi 22 mai 2007

Aller loin

"Toi, tu vas aller loin", m'a un jour dit un professeur qui devait déjà compter les mois qu'il lui restait à tenir avant la retraite tant attendue...

Aller loin. Je suis sensée aller loin. On me l'a assez dit, ça doit être vrai.

***

Enfant, j'étais première de classe. Pour moi qui écoute plus facilement que je ne parle, c'était facile. Un pet. Écouter, regarder, comprendre, et reproduire. Deux plus deux font quatre, cinq fois cinq ça fait vingt-cinq, "mais-ou-et-donc-car-ni-or", "pou-hibou-chou-genou" et compagnie, sortez vos cahiers de dictée et votre duo-tang de vocabulaire.

***

J'ai commencé le piano à l'âge de 6 ans. J'avais un professeur qui m'appelait son "petit génie".

"Eille, Sylvie, c'est ELLE, mon p'tit génie"...

À chaque début de cours, il me laissait m'installer dans le local, sur le banc de piano, sortir mes cahiers, et il m'invitait à me réchauffer tandis qu'il allait je ne sais où, peut-être à la salle de bains, prendre un verre d'eau, une petite pause, fumer une clope avant de commencer le cours, peut-être... Plutôt que de me préparer à ma leçon, je passais mes 5 minutes de solitude à me questionner. J'ai mis des années à comprendre la raison de mon surnom. D'ailleurs, quand je demandais à ma mère le plus sérieusement du monde "Pourquoi il m'appelle son p'tit génie???", dans mon souvenir d'enfant, elle se contentait de me trouver cute en rigolant sans trop me donner de réponse.

J'ai mis presqu'autant de temps à comprendre ce que voulait dire "se réchauffer", moi qui me demandais à chaque début de cours ce qui pouvait bien faire croire à mon professeur que j'avais toujours froid. Tout un génie, hein? :O)

Lui aussi, il me disait que j'irais loin. On l'a croisé quelques années plus tard dans le stationnement de l'épicerie. Je poursuivais mes cours avec un autre professeur, une question d'horaire, sans doute. Ma mère lui avait dit que je préparais Fur Élise pour le concert de fin d'année. Il a eu l'air satisfait.

Est-ce que c'était ça, aller loin?

...

Loin où, au juste?

Et... comment sait-on qu'on est rendu?

Aller loin. Comme une obligation de vie de plus. Comme si payer son loyer, devenir une meilleure personne, chercher le bonheur, faire attention à sa santé, aimer son prochain ne suffisaient pas. Vivre la routine le mieux possible, essayer d'avoir une vie équilibrée, varier son menu, boire beaucoup d’eau, prendre des vitamines, recycler, se renseigner, suivre l’actualité, avoir des opinions, prendre du temps pour soi, s’entraîner, se mettre en valeur dans de beaux vêtements-équitables-payés-malgré-tout-pas-trop-cher, demeurer belle pour l’être aimé, vivre les deuils de la vie, les séparations, les changements, le vieillissement, les craintes, les blocages, se regarder le nombril, créer des liens avec d’autres, entretenir les amitiés et les liens familiaux, trouver des idées originales pour la fête des mères et celle du chum idéal, trouver le temps à travers tout ça de travailler avec le sourire, avec positivisme, de se faire des lunches en gaspillant le moins de restants possible dans le frigo, de faire le ménage, le lavage, de passer chez le nettoyeur, d'avoir des idées de décoration pour la salle de bains, d'avoir des projets… et il faudrait en plus « aller loin ». Loin, où ça? Loin dans le monde? Loin dans ma tête? Loin selon les critères sociaux de prestige et de réussite financière? Loin dans la liste des 20 plus belles femmes du Québec? Loin parce qu’on a passé à la télé?

Je vais aller loin. Tout le monde me l’a dit quand j’étais petite.

J'ai 30 ans.

"Maman? ...

...

Quand est-ce qu'on arrive??"

mercredi 2 mai 2007

Les méchants

Avez-vous remarqué? Ils sont de retour...

...

Comme dirait l'autre, "They're back, and they want to kill..." (prononcer d'une voix caverneuse de type film d'épouvante).

...

Ils sont partout, vous ne les avez pas vus?

...

Sur les rues, dans les stationnements, sur les trottoirs...
Les insouciants-sur-la-rue-parce-qu'il-fait-beau. À pieds ou en vélo, ça ne fait pas vraiment de différence. Ils sont de retour, plus nombreux que jamais, le nez en l'air, le regard n'importe où sauf devant, le casque partout ailleurs que sur la tête pour les cyclistes, les écouteurs sur la tête pour les piétons...

Bon, dans un sens, je les comprends: il fait beau, enfin! C'est vrai que ça fait du bien de se permettre de regarder le ciel un peu. Ça fait tellement longtemps qu'il se cache. D'un autre côté... Honnêtement, je pense que même dans le noir un soir de verglas avec un psychopathe délirant sur la banquette arrière, je serais moins nerveuse que ces jours-ci sur les routes.

Et hop! Un cycliste qui ne fait pas son stop. Et vlan! Un piéton qui n'a pas attendu sa lumière pour traverser et qui a failli se retrouver en bouillie. Squiiiiiiiiiik, un coup de freins un peu abrupt, pouèèèèèèèèèèèt, la voiture d'en arrière qui s'impatiente parce que je ne vais pas assez vite (je ne suis quand même pas pour écraser cette maman et son p'tit monstre qui a décidé de traverser la rue alors que la main jaune flashait déjà depuis un bon moment)...

Finalement, on devrait enlever les panneaux de signalisation pour cyclistes. Ça ne sert visiblement à rien. Si même en rouge pètant et en jaune fluo, ils ne les voient pas, ils ne les verront jamais. Et puis, de toute façon, ça jure avec la palette de couleurs du paysage.

* * *

Merde. Plus de pain, plus de jus d'orange, plus d'oeufs.
Une petite tournée au centre d'achats du coin s'impose.

Re-merde. J'avais oublié: je n'ai pas la voiture aujourd'hui.

Bon. Il fait beau, j'ai un vélo, et surtout, j'ai faim. Je pense à apporter mon cadenas ET mon sac d'épicerie bio-équitable-réutilisable-en-tissu-biodégradable-fabriqué-au-
Québec, ce qui en soi est un exploit. Ça commence bien.

Je me rends jusqu'à l'épicerie, et jusqu'ici, tout va comme sur deux beaux pneus de vélo bien gonflés. Je retrouve l'emplacement du rack-à-bicycles sans problème, de même que le numéro de mon cadenas. On dirait que ça va être une bonne journée.

Première ombre au tableau: je recroise la même vieille dame que l'autre jour, celle qui m'a coupée à la caisse rapide en faisant pitié. Je vais devoir faire preuve d'une bonne gestion du temps pour ne pas arriver à la caisse en même temps qu'elle.

Deuxième imprévu: chemin faisant dans les allées, je me rends compte qu'il y a plein de trucs que je dois acheter... Mine de rien, un melon par-ci, une pinte de lait par-là, mon sac granole se remplit un peu plus que prévu. "Bah, que je me dis dans un élan de réalisme, j'en ai pour à peine 10 minutes de vélo..."

De retour sur ma monture, avec mon paquet sur l'épaule gauche et ma sacoche qui tient de peine et de misère sur l'autre, j'amorce mon trajet. Je n'avais pas pensé qu'une fois rempli à craquer, mon sac trop profond serait à ce point encombrant pour mon genou gauche. Et un coup de pédale, et un coup de genou sur l'épicerie... Pourvu que je ne casse pas d'oeufs.

Je n'ai pas encore tourné mon premier coin de rue que je me rends compte que j'ai oublié de rentrer élégamment mes bas de pantalon dans mes bas. Ils menacent de se prendre dans la chaîne du vélo à tout moment, alors je me mets à pédaler en écartillant les genoux un peu plus. C'est d'un chic, je vous assure.

Ça y est, la sacoche me tombe de l'épaule au creux du coude, elle pendouille et se balance, se frotte à la roue d'en avant en faisant un bruit tout ce qu'il y a de plus épeurant. Je m'arrête, replace mon arsenal, repars. Ça toffe 25 pieds et tout est à recommencer. D'la marde.

Plus que 2 coins de rue. Soudain, ça me frappe: aucun automobiliste n'a l'idée de se tasser, de ralentir, de me laisser traverser. Non, mais, ils voient bien que je suis mal foutue!! Avec mon gros sac, ma maladresse et mes genous tout croches, je dois être dure à manquer. Pourtant, c'est à mes risques et périls que je descends du trottoir pour rouler un peu dans la rue et traverser.
On dirait que je suis invisible.

Voilà, les méchants sont partout.
Décidément, l'enfer, c'est les autres ;O)

De bouche à oreille...

Déjà entendu parler de la théorie des 7 degrés de séparation? C'est une théorie selon laquelle chaque personne de la planète nous serait reliée par 7 connaissances intermédiaires au maximum. Tenez, moi, par exemple, je connais quelqu'un qui connaît Marilou (oui oui, la chanteuse), qui connaît Garou et René Angelil, qui à eux seuls connaissent pas mal de monde. Mon cas se règle assez vite, moins de 4 intermédiaires entre moi et Céline! Wouhou!

Héhé, ce petit jeu peut durer longtemps... Je connais mon chum, qui connais un gars qui vit présentement au Japon, qui lui connaît plein de Japonais qui n'ont aucune idée de mon existence. (Ben quoi, on n'est pas obligé de se relier à des vedettes!)

Je connais un curé, qui, d'évêque en diacre en j'sais-pas-quoi, peut sûrement se rendre jusqu'au pape. Pourquoi pas.

Je connais un gars que je ne nommerai pas, qui est le fils d'une député: de fil en aiguille, je peux sûrement me rendre au premier ministre en moins de deux, ainsi qu'à tous les noms figurant dans son carnet d'adresses. Pas pire, hein?

Ok, ok, un dernier exemple savoureux...

...

...

Je vous connais, vous!
Ben, peut-être pas tous, mais je suis certaine que pour la plupart, je vous connais! Je vous ai soit directement invités à venir me lire, ou alors quelqu'un que je connais l'a fait pour moi. Vous êtes peut-être tombé sur mon site par hasard, à force de fouiner d'une page web à l'autre... Dans ce cas, vous avez peut-être lu les autres textes apparaissant sur cette page, et on se connaît déjà un peu mieux. Enchantée.

Et vous, qui êtes en train de lire ces lignes, je ne sais pas, moi, qui vous connaissez... des ouvriers, des professeurs, des mères au foyer, des jeunes, des personnes âgées, des ex-avocats, des bénévoles qui se promènent dans les hôpitaux, des médecins, des coiffeuses, peut-être un mannequin, un journaliste, un Belge champion olympique, un psychanalyste irlandais, un optométriste australien qui connaît Sting en personne, et je ne sais qui d'autre encore.
Bon, peut-être aussi que vous connaissez des bandits, des tueurs en série, des fraudeurs professionnels, un chef de mafia borgne champion aux échecs ou un "sans papier" qui fait du pouce et qui collectionne les chaussettes trouées. Tout est possible.

* * *

De bouche à oreille... et de fil en aiguille

Vous souvenez-vous du gars qui a finalement réussi à obtenir une maison à partir d'un simple trombone? Kyle Macdonald, qu'il s'appelle. Vous pouvez voir son site au www.oneredpaperclip.blogspot.com. Bref, lui, il a eu une idée originale: échanger un simple objet ayant peu de valeur monétaire, contre un autre, ayant un peu plus de valeur. Et recommencer, encore et encore... Et comme ça, de fil en aiguille, de trombone en poignée de porte en génératrice en motoneige-appartenant-à-Michel-Barrette, il a gagné son pari: échanger un trombone contre... une maison. C'est fou comme il suffit parfois d'avoir une bonne idée!

* * *

Je termine avec un peu de nouveau: mes chansons sont maintenant en vente sur le net. C'est une initiative tout à fait personnelle: j'ai découvert un site qui me permet d'héberger facilement des extraits, et de vendre mes chansons par l'intermédiaire de Paypal. Si vous avez déjà un compte Paypal, vous pouvez l'utiliser; sinon, une carte de crédit suffit. Bref, c'est un peu comme avec itunes, ou bluetracks, ou d'autres sites de ce genre, à une différence près: je m'occupe moi-même de ma "cyber-boutique". Tout ce qu'il y a de plus indépendant. Pas de distributeur, de maison de disque, d'intermédiaire. L'idée me plaît bien, alors je m'essaie. De bouche à oreille, de moi à vous, de mon ordi à votre ordi en quelques clics... et de mon ordi à celui de vos amis en quelques clics de plus. Qui sait jusqu'où ça peut aller?

Cliquez ici pour accéder à ma "cyber-boutique" musicale :O)

jeudi 26 avril 2007

Techno Zen

4 février 2007

"Venez par ici, j'ai exactement ce qu'il vous faut."

Les vendeurs ont toujours l'air de VRAIMENT savoir de quoi ils parlent.
Ça nous met presque en confiance.

"Hum... c'est bizarre, je le trouve pas..."

Bon. Ça peut arriver à tout le monde d'être un peu mêlé, que je me dis.

"Attendez, je vais aller vérifier dans le système informatique...
- ...
- Euh...
- ...
- Ah bon! Ok! Je l'ai!
- ...
-Hum, c'est un modèle qui n'est pas encore arrivé en magasin, mais on devrait l'avoir dans quelques jours. Un portable qui ressemble au Toshiba que je vous ai montré tout à l'heure. Un modèle plus récent, plus puissant, mais pas trop non plus. Ce serait parfait pour vous.
- Combien de mémoire y'a là-dessus?
- Euh... je suis pas sûr... C'est pas inscrit dans les infos du système...
- Et la mémoire vive?
- Mmmm, pas sûr non plus, mais d'après ce que je sais, il serait parfait pour vous... Vous savez, je connais ça, l'enregistrement audio, je sais c'que ça vous prend...
- Est-ce qu'il a un graveur DVD?
- Mmm, pas sûr...
- Et une carte réseau sans fil?
- Pas sûr...
- Et le prix? Il est combien, cet ordi là?
- Euh... ben... pas sûr...
- Ah bon. Ben je suis pas sûr qu'on va l'acheter."

Je vous présente mon chum, accompagné de deux de ses innombrables utilités (et qualités) : connaître les ordis, et avoir le sens de la répartie avec les vendeurs. :O)

* * *

Quelques et heures et un gros achat plus tard...

"On l'a acheté tantôt, en fait on vient pour un problème...
- Oui, quand on a essayé de l'ouvrir, ça ne fonctionnait pas.
- Windows a l'air d'avoir été mal installé..."

Nos fameux vendeurs de cossins technologiques ont généralement le don de me faire sentir petite. Ben, celui-là, du moins. Bon, je ne mesure même pas 5 pieds et 6 pouces, alors avec moi, c'est facile, vous me direz... Mais ce n'est pas ce dont je parle. Je parle de se sentir comme une complète imbécile alors qu'on n'est qu'une simple cliente qui vient de dépenser 3 payes pour un ordi et qui constate bêtement en arrivant à la maison que son achat chéri ne marche juste pas.

" (Regard hautain du vendeur qui signifie: 'Bon, encore des épais qui savent pas comment allumer un ordinateur, maudit que les gens connaissent rien...')
- C'est ça, tu vois, c'est exactement ce message-là qu'il a indiqué chez-nous, explique mon chum, plein de calme et d'assurance.
- Pis on l'a refait plusieurs fois: toujours la même chose, risque-je, presque déjà sur la défensive
- Comme si Windows n'était pas bien installé, en tout cas pas installé complètement, précise mon chéri d'un ton de connaisseur.
- Ouin, ajoute-je.
- (soupir de la part du vendeur)"

À ce stade-ci de l'expérience, j'imite mon ami le vendeur, jusqu'à me laisser aller à soupirer publiquement d'insatisfaction. C'est rare que ça arrive, mais puisque l'occasion s'y prête, je sors mon attitude d'impatience du dimanche. Heureusement que mon chum est venu avec moi, parce que je ne suis pas sûre que je survivrais à cette mise en doute de mes capacités intellectuelles sans son support moral. Mieux vaut être deux à se faire prendre pour des épais.

Ils ont leurs codes, ces vendeurs, ils se font des regards entre-eux, des regards qui ont l'air pleins de significations particulières. Si je n'avais pas si hâte de rentrer chez-moi avec mon nouveau laptop, je trouverais sûrement ça drôle de les voir se faire des levers-du-sourcil-gauche sans même se parler, comme des membres d'une espèce à part qui aurait ses propres petits rituels de communication bien à elle. Mais qu'est-ce que ça signifie tous ces demis mots et ces faces chargées de sens qui m'échappent? J'attends toujours le reportage captivant de Découvertes qui pourrait me renseigner à ce sujet.

Bref, après 4-5 codes visuels non-identifiés, le très volubile et très compatissant vendeur-beaucoup-plus-grand-que-moi a déclaré solennellement:

"Windows avait pas bien été installé. On va vous le changer pour un autre."

Victoire! Je ricanais intérieurement de joie, plus d'avoir eu raison que de voir enfin mon problème réglé. Ben, réglé... faut le dire vite. Ou plutôt, faut avoir une vision limitée des choses pour affirmer qu'un problème technologique puisse être réglé... Le problème technologique ne se règle jamais, au fond. Il ne se fait que remplacer par un autre, un peu plus tard... On ne sait jamais quand, mais il arrive, c'est sûr. Comme tous les types de problèmes, d'ailleurs.

Vu comme ça, c'est plutôt zen, l'informatique, non? :O)

Crache le ca$h

Un matin parmi tant d'autres, je me lève, j'ai bien dormi, il fait beau, et pourtant, je ne vais pas bien.

JE N'AI PLUS RIEN À ME METTRE!

Bon, ce n'est pas vrai: il me reste bien 2-3 t-shirts un peu trop étirés à mon goût et la fameuse paire de jeans que j'ai bien dû porter 300 fois juste dans la dernière année. Super.

Ça fait des semaines que ça dure, chaque matin c'est la même chose, la même hésitation au moment de me couvrir de mes somptueuses fringues, si bien que je me retrouve généralement à passer le plus clair de mon temps en pyjama. Excellent pour le moral.

Je ne sais pas ce qui fait qu'à un moment donné, on sent que ça suffit, mais là, ça y est, l'étincelle surgit dans ma cervelle, ça a assez duré. Je suis dûe pour la salle d'essayage. Je ne fume pas, je ne bois pas (ou presque), je ne vais pas chez l'esthéticienne 2 fois par semaine, je fais mes mèches moi-même plutôt que d'aller chez le coiffeur, je ne vais pas en voyage dans le sud durant l'hiver, ma télé est plus vieille que moi et mon divan est tout ce qu'il y a de plus usagé, bref, je suis sage sage sage. Je pense que j'ai le droit de m'acheter du linge.

Je cours au centre commercial, j'entre et me dirige immédiatement vers mon magasin de prédilection. Vous savez, celui qui nous fait dire : "Pourquoi aller ailleurs?" ;O) Je fouine dans les rayons et sans me préoccuper des prix, j'accumule une pile de morceaux de toutes sortes, tant et si bien qu'au moment de me présenter à la salle d'essayage, la femme qui m'indique quelle sera ma cabine me demande, l'air ahuri: "... Euh... Combien de douzaines??

- Quatorze.
- Bon, alors, si vous avez besoin d'autre chose, appelez-moi...
- Merci, mais je pense que je devrais m'en sortir avec le tas que j'ai là!"

...

...

Essaye, enlève, ré-essaye, re-déshabille, rhabille...

Comme d'habitude, la moitié des trucs ne font pas.

Ne reculant devant rien, je me livre à l'exercice de la "razzia-prise-deux". C'est fou comme il y a toujours pleins de trucs intéressants qui nous échappent lors de notre premier passage dans les rayons, comme des phrases d'une chanson qu'on ne comprendrait bien qu'à la deuxième écoute.

Je me représente aux salles d'essayage armée de ma montagne numéro deux. Camisoles, pantalons courts pour l'été, blouses, petites vestes, tout y est.

La plupart du temps, le scénario est le même jusqu'ici, sauf que la fin prend généralement une tournure différente: après des heures d'essage et de confrontation visuelle en tête-à-tête avec mon reflet, je me retrouve bredouille, et je repars la mine basse avec mon ti-chandail en spécial à 10$.

Et là, je ne sais pas pourquoi, mais....

BINGO!!! J'ai gagné à la loterie des gens bien habillés: tout me fait comme un gant! Tant pis pour l'argent, je prends tout!

Je me pointe à la caisse, j'ajoute des p'tits bas à mon épicerie-de-linge-volume-club-price, et pendant que la caissière plie consciencieusement mes nombreux items, j'attends patiemment qu'on me dise combien ça coûte.

"Deux mille trois cent et vingt, s'il vous plaît."
- ...
- Madame?
- ... euh... C'est combien, vous avez dit?
- Deux mille trois cent et vingt... j'veux dire deux cent trente-deux dollars."

Et bien figurez-vous, l'espace d'une seconde, ça ne m'a même pas dérangée. Si j'avais eu les moyens, je pense que le deux mille dollars ne m'aurait même pas fait un pli sur la bedaine, tellement j'étais enchantée de dépenser pour me faire plaisir.

* * *

Avant de retourner faire ma traditionnelle parade de mode post-achat, je passe à l'épicerie chercher un pain. Oh bonheur, j'ose prendre le temps de me débarrasser de tout mon lourd petit change en payant, et ce même si déjà la file d'attente s'allonge derrière-moi. Et cerise sur le sundae, je me permets même de passer tout droit devant le quêteux du jour à la sortie, sans même le regarder, moi qui d'habitude perds de longues et précieuses minutes à écouter le baratin de tout un chacun avant de me confondre en excuses et de me sentir coupable de ne rien donner.

On a le droit, hein, de penser à soi? :O)

mardi 24 avril 2007

Être ou ne pas être...

J'avais plein de sujets rigolos pour vous ce soir, mais... comment dire... celui-ci s'impose de lui-même. Ce soir, je n'ai pas le choix. Pour les lecteurs en quête de divertissement léger, peut-être qu'une visite sur le site des Têtes à claques serait plus appropriée. (!)

Je suis retournée au gym aujourd'hui. Je dis "retournée", parce que j'ai été plutôt réservée côté entraînement depuis 2-3 semaines... Bon, je m'ennuyais des vestiaires tout propres de MON gym, et aussi des effets post-entraînement: les muscles endoloris dont on ne soupçonnait pas l'existence, la sueur, le repos et la collation mérités, tout ça. Donc, j'y suis allée.

Pédale, pédale, cours, pousse, lève, sue... Le tout sur un fond de musique poum-poum tout à fait stimulante. J'adore (ben quoi, on a tous un p'tit côté quétaine... non?)

Une fois la routine terminée, je m'en retourne au vestiaire, je marche d'un pas assuré, parce que j'ai toujours peur d'avoir l'air d'une pas-habituée-de-la-place. Donc, je fais comme quand je marche sur la rue passé minuit: je feins l'assurance. Une vraie sportive au-dessus de ses affaires. Je marche, et d'une façon ultra cool, je lève ma bouteille d'eau dans le but d'avaler ma dernière gorgée bien méritée... et dans le temps qu'il faut pour dire "pouet", je m'étouffe, mais alors là, pas à peu près, et paniquée par autant d'eau me passant par le mauvais trou, je crache violemment toute ma gorgée sur la céramique d'un plancher de douche qui passait par là.

Pour la grâce et l'élégance, on repassera!

Et là, (et c'est ici que mon sujet devient grave et sérieux) vous ne devinerez jamais la première chose que j'ai faite après avoir commis mon délit.

...

J'ai regardé à gauche, à droite, puis encore à gauche, comme quand on traverse la rue.

J'AI EU PEUR QU'ON M'AIT VUE!!

J'étais encore en train d'avoir cette agréable impression de mourir d'étouffement noyée par une gorgée d'eau, je toussais à m'en cracher les poumons, mes yeux rougis et larmoyants devaient sûrement sortir de leur orbite à chaque soubresaut de toux, et moi je regardais autour comme une dinde pour m'assurer qu'on ne m'avait pas vue!

Et bien, ça, les amis, c'est "ne pas être". Avoir honte d'une simple chose anodine, m'être étouffée avec de l'eau, sans même avoir fait exprès, tousser et faire du bruit, être là, exister.

* * *

M'en revenant du gym, j'arrête à l'épicerie. Je ramasse mes 2-3 trucs essentiels, me dirige vers la caisse supposée être rapide, je me mets en ligne et j'attends. Il n'y a pas trop de gens devant moi, ça ne devrait pas être long.

Une dame assez âgée arrive derrière moi. Sans même me regarder vraiment, elle me dit:
"J'ai juste une chose, c'est-tu correct si je passe avant?".

Bon, elle n'a qu'un truc. Mais moi, je n'en ai que 2-3... Elle pourrait attendre... Mais elle est âgée, ce qui, semble-t-il, est un argument de poids, puisqu'après un bref dialogue intérieur avec moi-même, je la laisse passer... pour ensuite me rendre compte qu'elle avait déjà au moins 5 articles de déjà déposés sur le comptoir, simplement elle en avait oublié un, qu'elle était retournée chercher sur les tablettes. Me semblait, aussi, qu'elle avait un air de madame âgée qui abuse des privilèges de l'âge en sortant son air de "je-fais-pitié-parce-que-je-suis-vieille".

Eh ben... Et moi, dans tout ça?
Moi qui étais justement dans une de ces journées où j'ai l'impression que c'est toujours inévitablement moi qui me tasse pour laisser passer les autres comme dans une séance de magasinage d'avant Noël beaucoup trop achalandée, et bien, je l'ai laissée passer, même si ça me faisait autant suer que ma séance de gym. Je n'étais pas pressée, juste tannée de toujours léguer ma place aux autres, de ne jamais dire non, de ne jamais dire ce qui ne me plaît pas, de devoir être gentille jusqu'à me sentir acculée au pied du mur. Évidemment, si j'avais refusé, je suppose que j'aurais été condamnée pour attentat à la vieillesse par les nombreux témoins de la scène, soit le sympathique pré-pubère préposé aux sacs ainsi que la tout-aussi-sympathique caissière. Assurément, j'ai bien fait d'opter encore une fois pour le "fermer-ma-gueule-et-ne-pas-être". Je ne voudrais pas me sentir obligée d'aller faire mon épicerie un coin de rue plus loin.

* * *

Plus tard dans la soirée, je m'en reviens chez-moi, et dans la voiture j'écoute une entrevue à la radio. C'est Christiane Charrette qui interview le comédien Fabien Dupuis. Il se livre sur le ton de la confidence avec nuance, bon goût et aisance, tellement que je monte le son et que je me mets à prêter plus attentivement l'oreille. Le constatant facile à faire parler, elle lui demande pourquoi il accepte de livrer aux médias autant de détails sur sa vie intérieure. Il répond, avec ma foi beaucoup de simplicité et d'acceptation de lui-même, que ça fait partie de la guérison, du processus. Se dévoiler. Arrêter de montrer ce qu'on pense qu'on devrait être, et montrer ce qui est: l'imperfection, les moins bons coups, ce qu'on pense, ce qu'on veut, ce qu'on ressent, d'où on vient, qui on est, ce que ça nous fait de vivre, bref, toute l'immense et fascinante partie de nous qui se cache sous ce qui paraît, sous la pointe de l'iceberg.

Être, ça pourrait être si simple, au fond.

lundi 23 avril 2007

Splish splash

Tout a commencé avec un peu d’eau.
Juste un p’tit peu d’eau, même pas un étang : une flaque sur le terrain, derrière la maison familiale.

Mon père, voyant la flaque stagnante, en a profité pour voir grand.

« Me semble ça s’rait beau, un aménagement paysager avec de l’eau…
-

-
Ben, j’sais pas, là, mais, me semble.
-

-
On pourrait mettre des grosses roches, là, pis 2-3 p’tites cascades, ça ferait un beau p’tit bruit. Pis au bout du parcours, un beau grand étang, juste là.
-

-
Tu trouves pas?
-
Ben j’sais pas, là…. Ouin, peut-être, si tu veux.
-
Avec des poissons pis toutte dans l’étang. »

En peu de temps, tout le monde y était, amis, matantes et mononcles, pour donner son avis. Plantes sorties à l’extérieur pour simuler l’emplacement des arbustes, fausses roches et autres objets charmants pour représenter les pierres et les nains de jardin, bruits de bouches enthousiastes pour donner un avant-goût du « beau p’tit bruit ».

Chhhhhh……..Chhhhhh……. pliiiiic…..plouuuuuuc….

Quelques semaines et 2-3 expéditions chez Rona plus tard, tout était là. Les plantes, les roches, l’étang, les poissons, les plic-ploucs qui donnent envie de pipi. Personne à vrai dire n’avait vraiment cru que ça se rendrait là; vous savez, mon père, des lubies, il en a eu plusieurs. Mais là, ça y était, et même, c’était beau.

« Ça serait le fun que l’étang soit plus grand encore…
-
Ah ouin, tu trouves?...Pourquoi?
-
Ben, le terrain est immense, pis l’étang est tu-seul, comme ça, tout petit au beau milieu.
-
Pis?
-
Me semble ça a l’air fou.
-
… (air désabusé)
-
J’avais pensé, aussi, tant qu’à le faire grand grand, pis à avoir à creuser pour le faire, on pourrait juste remplir le terrain d’eau.
-
Quoi??
-
Ben oui, tsé, la maison est dans le creux du terrain, il y en aurait à peu près jusqu’aux rebords des fenêtres, ça serait spécial, personne aurait jamais vu ça!
-
Ah ben oui, hein, pis tu pourrais te partir un élevage de nénuphars résidentiels, tant qu’à y être. »

Bon, je pense que c’est évident, j’étais sûre qu’il niaisait. C’est connu, moi, je suis poisson… j’ai donc embarqué sur le coup, m’inquiétant pour sa santé mentale, mais finalement, les changements de sujets ont eu raison de mon diagnostic, et je suis repartie chez-moi libre de toute inquiétude. Il m’avait sûrement niaisée. Et sinon, ben… que dire… ça lui passerait.

Vous vous doutez de la suite, non?

Lors de ma visite parentale suivante, c’était fait. L’étang tellement grand qu’il occupait tout le terrain. L’eau qui faisait des clapotis contre le bas des murs de la maison, comme contre une belle grande chaloupe. Charmant.

À vrai dire, c’est à partir de là que j’ai commencé à décrocher. Non mais, vous savez, avoir un père fou, ce n’est pas nécessairement facile. Faire la conversation, avoir l’air enthousiaste, intéressée, convaincue pendant que l’autre vous raconte des trucs tous plus abracadabrants les uns que les autres… sans compter les pantalons mouillés… Bref, j’ai décroché. J’ai divorcé mentalement du lien parental. Je suis partie ce soir là en me jurant que je ne reviendrais plus.

* * *

Pendant plusieurs mois, ça a été vrai, j’y ai cru, à mon divorce. Pas de nouvelles, pas de visite. Pas de email, de carte de fête par la poste, pas même de rencontre au restaurant. Rien.

Évidemment, ça n’a pas duré.

Je suis bien trop fille-à-son-papa pour ça. J’aime bien ma maman, aussi. J’y suis donc retournée, mais en exigeant de ma mère qu’on se rencontre d’abord, elle et moi, dans un endroit neutre.

« D’après toi, est-ce qu’il est viré su’l top??
-
Ben non… t’sais, ton père, il a toujours été un peu de même…
-
Comment, « de même »? Maniaque des étangs?
-
Ben non, pas pour les étangs. Pour toutte. Quand y part su’queq’chose, y part en grande.
-
Ouin. (dis-je d’un ton bête)
-
Pis y fait pas les affaires à moitié.
-
Tu l’as dit. (dis-je d’un autre ton bête)
-
Mais moi j’me dis : si ça le rend heureux, pourquoi pas.
-
Ben tiens.
-
Ah!! Lâche-moi ton air bête, ok? Moi aussi je trouvais ça fou, au début, surtout que les voisins nous parlent plus…
-
… Qu’est-ce qui t’a fait changer d’idée?
-
Ben, j’sais pas, au fond… Peut-être que j’me suis juste habituée à voir le décor de même, plein d’eau, les tapis d’entrée toujours mouillés, les clapotis contre les murs, les poissons qui sautent dans la cour… C’est juste pas habituel pour la plupart des gens, mais c’est comme n’importe quoi d’autre : on s’y habitue. Et puis ton père, depuis qu’il a son étang, j’sais pas ce qu’il a, mais… y’est pu pareil.
-
Pis ça, c’est bien ou c’est pas bien?
-
Non non, en bien, j’te jure! Il chiâle jamais sur rien, il est toujours content, les deux yeux dans la graisse de bine, il est affectueux…
-
Ok, ok, c’est beau!! Ça va!
-
Viens donc faire un tour, tu vas voir. Pis y va être content de te voir.
-

-
Envoye donc…
-
…mmmmouin. Ouin, ok. »

Cœur d’enfant, quand tu nous tiens…

J’y suis allée. C’est vrai que je m’ennuyais d’eux. J’suis pas le genre à parler à ma mouman au téléphone à tous les jours, comme d’autres filles que je connais, mais quand même. Des mois, comme ça, sans les voir… je me voyais déjà faisant appel aux émissions télévisées de retrouvailles après avoir perdu leur numéro de téléphone.

Embarquées dans la voiture de ma mère, nous demeurâmes plutôt silencieuses. Je pense qu’elle percevait ma nervosité.

On roule, on roule, et une bosse sur le chemin, et un trou dans la rue, l’habitude, quoi.

Et on tourne le coin de la rue, MA rue…

Là, je sais que c’est dur à croire, mais on roule avec la voiture dans l’entrée de la maison, qui est en pente descendante, donc on descend. (Bon jusque là, ça va.) Et comme l’entrée, que dis-je, le driveway est maintenant rempli d’eau brunâtre, et bien, la voiture s’enfonce dedans. Envoye dans l’eau brune. Je ferme ma fenêtre, maman roule un peu vite et j’ai pas envie de me faire mouiller, pas tout de suite. Je n’ose rien dire, je suis trop occupée à être complètement ahurie. Je me demande comment elle fait pour conduire à l’aveuglette, comme ça, dans l’eau brune. Et surtout, je ne savais pas que GM faisait des bolides waterproof.

On arrive dans le garage, dans lequel une couche d’eau recouvre le sol, environ 10 pouces, je dirais. Je scrape donc mes souliers, me demandant ce qui m’a pris de me pointer ici sans mes bottes de caoutchouc.

Et on entre enfin dans la maison…
C’est sombre.
Toutes les fenêtres ont l’air de hublots, dehors on ne voit que de l’eau.
La maison est entièrement submergée. Pas à moitié. EN-TIÈ-RE-MENT submergée…
Ça se peut pas, je dois rêver.

« Pis, aimes-tu ça? qu’il ose me demander.
-
Ben… j’sais pas… quand est-ce que vous avez fait ça?
--
Ça fait pas longtemps, 2 jours, c’est tout nouveau!
-
C’est sombre un peu, tu trouves-pas?
-
Ben oui (intervention maternelle, ici), il s’en est rendu compte après coup seulement, mais tsé, avec un bassin aussi grand et profond, ça prendrait quelque chose pour entretenir la clarté de l’eau, des tests de PH pis du chlore, probablement…
-
Ben oui… Iiiiiiiiii!!!!! Pis, ça, c’est-tu normal???? »


Tout autour des cadres de fenêtres, l’eau commençait à s’infiltrer. Ça coulait lentement par endroits… à d’autres endroits des flaques avaient commencé à se former sur le plancher. Mon père, paniqué, se rendit compte qu’il avait oublié de sceller les fenêtres… Inévitablement, l’eau allait finir par s’infiltrer partout. Il fallait quitter ce somptueux et mouillé palais de Boisbriand, vous savez, la ville paradisiaque de mon enfance dans laquelle les enfants ne rient pas des premiers de classe. (J’y reviendrai :O) Il fallait s’enfuir, vite, mais le garage était déjà rempli d’eau. Et si on ouvrait une porte, la pression de l’eau entrant dans la maison aurait vite fait de nous tourbillonner à une vitesse folle ou encore de nous assommer contre les armoires de cuisine. La seule issue : monter au grenier, et sortir par le toit. Au-dessus du pignon le plus haut de la maison, il n’y pas épais d’eau, 2 pieds tout au plus. La pression sera moins grande, ce sera plus facile.

Bing bing bang bang, quelques coups de marteau, et le pignon s’ouvre, comme un petit couvercle articulé sur une boîte de bonbons.

À notre grande surprise, il n’y a plus d’eau au-dessus du toit, le niveau a baissé.

De l’autre côté de la rue, une maison est en feu, et les pompiers draînent l’eau de l’étang paternel pour arroser le feu.

Une grosse madame observe la scène et hurle « Je l’savais, j’le savais!! », comme ça, à répétition, en alternant l’emplacement de l’élision dans sa courte phrase, et en se barbouillant tout le visage d’un rouge à lèvres beaucoup trop flashant.

...

...

Bon, ben oui, évidemment, c’est un rêve… (Ou là là! Le PUNCH!!!)

Faut vraiment que je lâche le junk food avant d’aller me coucher.

Peur, quand tu nous tiens...

Dimanche soir, un peu trop tard.
Je rentre d'un souper entre amis, je reviens de Montréal en métro vers Longueuil.
(Mon chéri est parti avec le tracker tout le week-end, je suis donc à pieds.)

Je suis avec mon amie Geneviève pour une bonne partie du trajet du retour, donc, tout va bien. C'est particulièrement agréable de ne pas être seule dans le métro, à faire semblant de savoir où regarder, à baisser les yeux dès que les autres remarquent qu'on les regarde, à tout à coup s'intéresser vivement au tableau électronique qui diffuse les mêmes informations 3 fois la minute. C'est encore plus agréable quand on est en aussi bonne compagnie :O)

Bref, tout va bien, on sort du métro, on marche ensemble, on placote, on prend des raccourcis que je n'oserais peut-être pas prendre seule... rien de bien délinquant, juste des endroits un peu plus isolés, cachés et sombres que les rues remplies de lampadaires. Là, vous devez commencer à me voir venir.

On arrive devant chez Geneviève, elle va rentrer et je vais continuer mon chemin jusque chez moi. Bec, bec, bonne nuit, prends soin de toi, à bientôt, sois prudente, signe de la main. Me voilà seule dans les rues de Longueuil-by-the-beach. Il est sûrement passé minuit.

Ça ne fait pas encore 3 blocs que je marche que la chienne me pogne. Je songe aussitôt à prendre mes clefs dans mon sac à main, et je les tiens en arme redoutable dans mon poing fermé (tout aussi redoutable, me direz-vous). Je marche vite, je respire vite, je pense vite, je me parle intérieurement tellement vite que je pense que je bégaie; même en tapant ceci, juste à y repenser, je tape vite.

Un sous-sol avec de la lumière, par la fenêtre je vois qu'il y a des gens qui sont encore là, réveillés à cette heure. Je ne les connais pas, ils pourraient être des tueurs en série, mais ça me rassure quand même de savoir qu'ils sont là. S'il m'arrive quelque chose, je pourrai crier, il y aura des gens pour m'entendre.

Mon ombre me fait peur. À chaque nouvelle entrée que je croise, j'ai l'impression qu'un maniaque à la tronçonneuse va sortir de sa cachette et me sauter dessus comme un sauvage. (Bon, j'exagère peut-être un peu... Disons plus simplement juste un fou avec un couteau.) Je pense que j'ai trop écouté "Dossier mystère" quand j'étais jeune.

Je tourne sur une rue transversale. Personne à l'horizon, je suis seule à y marcher. Étrangement, c'est épeurant et rassurant à la fois.

Tout devient une question de vie ou de mort. Je joue mon sort à chaque instant. Est-il préférable de marcher du côté sombre de la rue, ou du côté éclairé? Qu'est-ce qui risque le plus de me sauver la vie? Dans la lumière, on n'osera peut-être pas m'attaquer ou me suivre, ça ferait trop évident. Dans l'ombre, on ne me verrait peut-être pas me débattre... Ok, optons pour le côté des lampadaires.

Fuck. Merde. Ça y est, c'est mon destin, mon aventure se termine ici, ce soir, le 22 avril 2007.
Y'a un homme au coin de la rue.

PANIQUE!!

Bon, analysons le tout... Mais qu'est-ce qu'il fait, tout seul, à minuit et quelques, un dimanche soir, sur le coin de la rue? Il travaille pas, lui, demain, comme tout le monde? Et de mon côté de la rue en plus! Est-ce que je devrais traverser et le contourner? Ou feindre l'assurance, marcher d'un pas décidé, et ne pas le regarder?

Si je traverse ici, c'est sûr, il va comprendre que j'essaie de l'éviter, donc que j'ai peur de lui, donc que je suis une proie facile. J'ai trop attendu avant de décider. Bon... J'ai un talent pour feindre l'assurance. Ma thérapie m'aura entre autres servi à savoir ça. Je serre donc mes clefs et j'y vais.

Maudit... on dirait qu'il ne fait rien... Plus j'avance, plus je le vois, il regarde à gauche, à droite, en l'air, il se dandine sur place, il fume une clope... Il n'y a même pas d'arrêt d'autobus à ce coin de rue là, alors il n'est sûrement pas en train de l'attendre...

TOUT D'UN COUP QUE C'EST SA VICTIME QU'IL ATTEND, ET QUE SA VICTIME.... C'EST MOI?????

Bref, vous devinez la suite, je passe vite et je marche fort, le coeur me débat et je me dis que ça ne doit sûrement pas être bon pour ma santé de pomper vite à ce point, je passe les quelques secondes qui suivent à remercier le ciel parce qu'il n'a pas l'air de me suivre, je reste quand même sur mes gardes et je ne me retourne jamais complètement pour vérifier qu'il est bien resté au coin de la rue (ce serait montrer que j'ai peur et ça nuirait sans aucun doute à ma stratégie), je compte les secondes qu'il me reste encore à marcher avant d'arriver chez-moi, je calcule mentalement ma vitesse de marche afin d'éviter d'arriver au prochain coin de rue en même temps qu'une auto y fait son stop (évitons de "tenter le yâble"), j'accélère le pas une fois sur ma rue, la panique s'empare de moi et je me mets à penser qu'on pourrait m'avoir cambriolée pendant mon absence, le méchant-pas-fin est peut-être même encore chez-moi à attendre machiavéliquement mon retour...

Ça y est, j'ai 4 ans et il y a un monstre dans mon placard.

Tout défile très vite dans ma tête... Si je me suis fait voler, les voisins étaient probablement là, ils auront entendu quelque chose... Et s'ils étaient partis pour le week-end? Je vérifie que la voiture des rassurants voisins est bien là dans le stationnement, ça me donne assez de confiance pour être capable de trouver ma clef dans la noirceur, j'ouvre, j'entre, puis je referme, et je rebarre au plus maudit.

Tout est à sa place, et silencieux, je pense que je suis correcte.

Fiou.

Techniquement, je le sais bien que les gens qui vivent dans mon quartier ne sont probablement pas majoritairement des psycopathes. S'ils étaient si nombreux que ça, on en entendrait parler, on le saurait, ils auraient une église, un lieu de rassemblement, un parti politique, quelque chose... Mais non, rien. Un truc de temps en temps dans le journal de Montréal, c'est tout. Un règlement de compte, une bataille de gars saouls. Pas de maniaque en série. Et même s'il y en avait un, j'aurais combien de chance que ça tombe sur moi? Une sur combien? Pas beaucoup, j'imagine. Faut être prudente, c'est sûr... mais bon, je le sais bien qu'il n'y a pas lieu de paniquer. On n'est pas dans le Bronx, quand même...

... mais j'ai eu peur pareil. J'ai eu beau essayer de me convaincre sur le coup, à toutes les 10 secondes au moins, que ma peur était ridicule, j'ai eu peur quand même, comme un animal effarouché.

Pour moi qui me penche beaucoup sur mes peurs de toutes sortes depuis quelques temps, ce n'est qu'une preuve de plus qu'il n'y a rien de rationnel dans tout ça, et que donc, ça ne se raisonne pas. On peut juste vivre avec.

Je ne perdrai donc pas mon temps à me trouver paranoïaque, ni à me dire que ça ne sert à rien d'avoir peur. La prochaine fois, je prendrai un taxi!

samedi 21 avril 2007

Ménage du printemps

11h30: je sors les plantes sur le balcon, et leur envoie une bonne dose de "pouche-pouche". Elles en ont bien besoin.

12h00: je téléphone à ma "mouman" pour lui demander si je devrais mettre mon tapis de salle de bain dans la laveuse... Sait-on jamais, un gâchis est si vite arrivé...

12h30: comme toutes les raisons sont bonnes pour prendre un break, je lui ai parlé une demi-heure, et ce fut, ma foi, fort plaisant :O) . Une fois la pause terminée, j'entreprends de laver tout ce que je vois armée de mon sceau d'eau-au-produit-chimique-nettoyant et de ma bouteille de Windex (tout aussi chimique). (note à moi-même: me renseigner sur les produits nettoyants bio-équitables-greenpeace-friendly pour éviter d'avoir honte la prochaine fois que je décrirai en long et en large mes activités ménagères... :O)

Presque malgré moi, une ritournelle me trotte par la tête tandis que je frotte à gauche, à droite, en tournant, en poussant, en tirant, bref, comme une vraie karaté-kid.

Ménage du printemps
Des hivers de poussière
Plonger tête première
Tout replacer là-dedans

Nettoyer les fenêtres
Ouvrir grand les rideaux
Le soleil dans mon dos
Le vide dans ma tête

C'est déjà loin, déjà
Les histoires qu'on balaie
...


Verrons-nous naître la complainte de la ménagère aujourd'hui??? :O)
Ça mériterait bien une corona!


Épilogue

Après la pause-dîner-bière, notre héroïne perd malencontreusement tout enthousiasme vis-à-vis du grand nettoyage. Résultat: la cuisine se porte déjà mieux, mais quelques tas de poussière traînent encore ici et là... Au moins, le premier moustiquaire a retrouvé son emplacement. C'est déjà ça. Le reste suivra. S'ensuit une longue période de bizounage sur internet, de repos sur le divan devant des émissions insignifiantes et un peu de gratouillage de guitare (toujours tout autant sur le divan). Le bonheur, quoi :O)



Qui suis-je?

Que de temps perdu à me poser la question!!
Après de longues minutes passées devant mon ordi à me demander quel nom je devais utiliser, j'ai finalement opté pour le mien. Je n'en ai qu'un... avais-je vraiment le choix?!
Mais...
Et si mes propos heurtaient quelqu'un?
Et si on me reconnaissait?
Et si on me trouvait ridicule?
Et si je me dévoilais... trop? (héhé, au figuré, bien entendu!)

Bon, bien sûr, il y a ce projet de livre qui me trotte par la tête, et le personnage principal qui vient avec; personnage qui, comme dans tout bon roman de jeune-auteur-québécois-vivant-
sur-le-plateau serait nulle autre que moi-même, mais avec une aura de flou qui fait qu'on demeure dans le doute à savoir si par le plus grand des hasards la fiction qu'on est en train de lire ne serait pas une auto-biographie déguisée en roman. Original, non? Bref, j'ai bien failli utiliser pour pseudonyme le nom de mon personnage, mais... avec quelle satisfaction aurais-je bien pu "me cacher" pour écrire?

Alors voilà, c'est moi pour de vrai, je m'appelle Nathalie, j'ai 30 ans, je suis musicienne et j'étudie au C.R.A.M. pour être psychothérapeute, j'habite Longueuil et j'aime ça même si ce n'est pas très glorieux, j'ai un chum fantastique, des amies fabuleuses, des parents merveilleux, un vélo que je suis très contente de sortir en ce 21 avril, pas d'animal domestique pour le moment, un peu de fatigue accumulée, du lavage à faire, et des moustiquaires à poser. Grosso modo, ça, c'est moi, aujourd'hui. Vous êtes chanceux: pour un premier contact, c'est plutôt léger! En temps normal, je nage un peu plus dans les concepts et un peu moins dans la concrétude.
Ben...
Évidemment, ça dépend des jours.

Je ne sais pas qu'est-ce qui fait que je suis comme ça, je ne sais pas si je le saurai un jour, je ne sais pas si c'est le lot d'un peu tout le monde ou seulement des énergumènes comme moi qui lisent de la psycho et remplissent plein de petits cahiers de réflexions pour essayer de se comprendre, mais... Voilà, je pense que je suis compliquée. Ou plutôt complexe. Je pourrais seulement dire que j'ai la tête bien remplie. Bref, des choses, des questions, des commentaires, des craintes, des projets, des lubies, des idées, des drôleries, des drames aussi, dans ma cervelle, il y en a beaucoup. De l'extérieur, rien n'y paraît, aussi ceux qui ne me connaissent pas intimement pourraient être étonnés en lisant ceci, mais c'est bel et bien là. Des fois je me dis que je n'ai pas besoin d'un pseudonyme pour avoir l'impression d'être un personnage de roman. J'en suis déjà un. Et tant mieux si je vous étonne!

Bon, sur ce, je vais aller rejoindre mes activités concrètes de la journée (on en profite pendant que ça passe, et qu'il fait soleil en plus !).
On se reverra bien assez tôt... :O)