mercredi 11 février 2009

Comment ça va... comme ci comme ci comme ci comme ça... !

Pourquoi ce titre, me demandez-vous tous en même temps, foule en délire que vous êtes?

Parce que. Ces jours-ci, c'est le thème de ma vie. Pas le couci-couça à proprement parler... mais plutôt le fait que les choses ne sont jamais complètement du côté du bonheur, ni complètement du côté du malheur. "Ni tout à fait noir, ni tout à fait blanc..." Ce n'est pas gris du tout: c'est les deux à la fois. Le noir et le blanc mélangé. Je m'explique.

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Le mois de janvier a signé pour moi un anniversaire particulier. Un anniversaire heureux et malheureux en même temps.

En janvier, mon chum et moi avons atteint le deux ans bien sonnés d'essais-bébé.

On est toujours là, on essaie toujours, on s'aime toujours, on ne perd pas courage ni espoir, et ça, c'est bien.

Les essais sont toujours aussi infructueux et les échecs aussi douloureux, et ça... c'est poche.
Comme quoi il y a toujours deux côtés à une situation...

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Il y a bientôt presque deux ans, on est tombés enceints :O)
Ça, c'est bien: au moins on a une chance que ça fonctionne, que ça "pogne", comme on dit.

Je l'ai perdu, et j'ai vécu l'une des pire peines de toute ma vie. Une fausse couche, c'est poche.

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J'ai décidé en janvier de consulter un médecin, de me sortir de cette situation stagnante si douloureuse alors que les bedons des autres autour de moi grossissent , s'arrondissent et donnent vie... Ça, c'est bien: depuis, je ressens une vague fierté de m'être prise en main, et l'espoir me revient tranquillement. Et puis, au moins, les choses bougent.

Admettre qu'on est rendue-là, qu'on a besoin de la médecine, alors que pour tout le monde autour, ça semble aller tout seul... Sentir le mot "infertilité" nous pendre au dessus de la tête comme une épée de Damoclès, ça, c'est poche. La peur de découvrir un grosse-méchante-maladie-de-la-fertilité n'est jamais bien loin. Et si pour moi, ça ne marchait jamais?

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L'investigation progresse. On m'a fait une échographie pour s'assurer que je n'avais pas eu de lésions à l'utérus suite à ma fausse couche. On a vérifié en même temps s'il y avait de vilains kystes sur les ovaires. Niet! Tout est parfait: à ce qu'il paraît, j'ai de beaux organes, et ça, c'est très, très bien!

Mais...

Qu'est-ce que j'ai alors?? (et vous devinerez, se poser cette question-là, c'est très, très poche.)

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Dernièrement, mon médecin m'a prescrit un bilan hormonal: prises de sang, et analyse de tous les taux des diverses hormones dans mon organisme. Je souhaitais vraiment passer cet examen, car depuis longtemps, j'ai tout plein de doutes à propos de mon équilibre hormonal, pour toutes sortes de raisons, et toutes sortes de symptômes. Mon gentil médecin m'a donc prescrit ce bilan... et ça, c'est bien, très bien, merci doc!

Là, ça se complexifie un peu: mes résultats révèlent un excès de testostérone. C'est ce dont je me doutais, alors c'est bien: je n'étais donc pas folle, et même, j'avais raison! Mais bon: j'ai ce problème d'hormone, et ça c'est moche (et pas très bon pour l'estime féminine de soi, soi dit en passant...) . En même temps, maintenant qu'on sait ce que j'ai, on devrait pouvoir y remédier, alors c'est bien. Je préfère tout de même ça à des résultats d'analyses toutes normales et au questionnement qui serait venu avec: "si ce n'est pas ça.... qu'est-ce que c'est, d'abord??", et à toutes les suppositions effrayantes de maladies incurables qui auraient suivi... Bon, d'accord, je suis peut-être un peu hypocondriaque!

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Mon adorable médecin, en qui j'ai absolument confiance (et ça, c'est vraiment merveilleux, je vous assure), m'a référée à une spécialiste, une endocrinologue qui travaille en clinique de fertilité, une femme très compétente et très sympathique, qu'il m'a dit, et je le crois sur parole. J'ai rendez-vous le premier avril, chez Procréa, rien de moins. Et ça, c'est fabuleux. Tristement fabuleux, parce qu'il m'arrive encore de me dire que j'aimerais bien que ça fonctionne, comme ça, naturellement, comme par miracle... donc tristement fabuleux, mais fabuleux quand même. On va s'occuper de moi, j'en ai un besoin fou, et donc une belle grande porte d'espoir tout neuf s'ouvre devant moi.

Mais en même temps, moi qui me suis toujours dit que je n'étais pas prête à faire n'importe quoi pour avoir un enfant de ma propre chair, me voilà confrontée à ZE question: jusqu'ou suis-je prête à aller? Si jamais une hormono-thérapie ne suffit pas à "régler mon cas", si jamais c'est plus complexe que ça? Si jamais il faut aller vers l'insémination artificielle, la FIV? Quand est-ce qu'on s'arrête et qu'on se tourne vers une vie sans enfant... ou vers l'adoption? La grande porte d'espoir tout neuf est aussi remplie de questionnements, de craintes, d'angoisses... comme chaque fois qu'on se met le nez dans la vérité: on espère, mais on a peur de ce qu'on va découvrir. Et ça, voilà, c'est moche. C'est palpitant, mais difficile. C'est des frissons d'espoir et d'angoisse tout à la fois.

***

Une des choses les plus difficiles dans tout ça, c'est l'espèce de tabou qui entoure le tout.
On ne s'en va pas gaiement dans la rue pour dire aux gens qu'on a un problème de fertilité. Ils regarderaient le trottoir avec un air coupable qui veut dire "pauvre elle... une chance que je n'ai pas ce problème là." La vie continue et les filles enceintes continuent d'annoncer leur grossesse sur facebook, qui prend soudain des allures de bedaine-book... elles ont bien raison d'ailleurs. Si ça marchait pour moi, je l'annoncerais aussi avec plaisir, tant pis pour les malheureuses. De toutes façons, on ne sait pas qui sont ces malheureuses: personne n'ira proclamer dans son statut facebook "Chose-bine braille comme une enfant parce qu'elle est menstruée et qu'elle a eu la naïveté de penser que cette fois-ci, c'était la bonne... comme à tous les mois." Ou encore: "Chose-bine (encore elle) ne sait pas si elle va bien ou mal, parce que la situation est trop complexe." Ou bien même: "Chose-binouche (la soeur de l'autre) a passé une journée de cul parce qu'elle croit bien avoir manqué son ovulation pour ce mois-ci, et comme ses cycles durent une éternité, elle vient de perdre deux mois de précieux temps pour se reproduire." Ou plutôt: "Manche-de-pelle (connais pas celle-là) est complètement indignée par un article boboche du journal de mourial sur une femme ingrate qui a abandonné son bébé dans les poubelles... vie injuste, va."

Ça ferait comme un froid, il me semble... non?

***

Loin de moi l'idée de tomber dans l'éditorial plaintif et dramatique à propos de tous ces gens qui ne comprennent pas notre souffrance et qui nous disent des phrases vides du genre "faut juste que t'arrêtes d'y penser", à nous, les "pas-facilement-fertiles-confrontées-à-un-désir-d'enfant-qui-ne-se-réalise-pas". C'est vrai que la plupart des gens ne peuvent pas comprendre ce qu'on vit, pour la simple et bonne raison que la plupart des gens n'en parlent pas...

Bref, voilà.
J'espère avoir un tout petit peu brisé ce silence... le mien, du moins.

***


"Comment ça va?", me direz-vous quand on se croisera la prochaine fois.
Et là, j'entrerai dans un énorme dilemme intérieur... Est-ce que je vais bien? Est-ce que je vais mal? Est-ce que ça se peut, aller mal et bien en même temps? Est-ce que je m'étends sur les détails? Est-ce que c'est indécent de parler de sa vie médicale (et disons-le, gynécologique) à quelqu'un qui nous demande comment on va?

"Ça va", que je répondrai comme d'habitude... ;O)







2 commentaires:

Anonyme a dit...

La question qui tue....Comment ça va?
On devrait arrêter de poser cette question là systématiquement à toutes les fois qu'on croise quelqu'un. À un moment donné ça ne veux plus rien dire! On ne veut juste pas toujours le savoir comment ça va vraiment... C'est comme de dire ''je t'aime'' comme on dit ''lavabo''. À un certain moment ça perd sa signification. On devient des machines!!!!!! aaaahh! Au secours!
Desfois j'envie les gens qui n'ont pas de filtre et qui répondent sans réfléchir! Maudits chanceux! hihihi.

Othniel

L'infertile a dit...

Ouaip.... c'est un peu fucké tout ça, parce qu'en même temps, quand on demande "comment ça va?", on ne s'en fout pas nécessairement non plus, c'est juste qu'on n'a pas toujours nécessairement le temps ou l'envie d'entrer dans les détails... et on ne saurait probablement pas quoi dire à quelqu'un qui nous répondrait "Bof, pas très bien..." !
Le pire, c'est que si c'était monnaie courante de répondre franchement, on s'y habituerait et on n'en ferait même plus de cas... Mais là, c'est tellement rare que quelqu'un ose dire "Ca ne va pas", que lorsque ça arrive, on dirait que ça sonne comme "Ma vie est épouvantable et je suis complètement déprimée et sur le bord du suicide", alors que c'est généralement plus un p'tit "Bof... mauvaise journée"... !