mercredi 2 mai 2007

Les méchants

Avez-vous remarqué? Ils sont de retour...

...

Comme dirait l'autre, "They're back, and they want to kill..." (prononcer d'une voix caverneuse de type film d'épouvante).

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Ils sont partout, vous ne les avez pas vus?

...

Sur les rues, dans les stationnements, sur les trottoirs...
Les insouciants-sur-la-rue-parce-qu'il-fait-beau. À pieds ou en vélo, ça ne fait pas vraiment de différence. Ils sont de retour, plus nombreux que jamais, le nez en l'air, le regard n'importe où sauf devant, le casque partout ailleurs que sur la tête pour les cyclistes, les écouteurs sur la tête pour les piétons...

Bon, dans un sens, je les comprends: il fait beau, enfin! C'est vrai que ça fait du bien de se permettre de regarder le ciel un peu. Ça fait tellement longtemps qu'il se cache. D'un autre côté... Honnêtement, je pense que même dans le noir un soir de verglas avec un psychopathe délirant sur la banquette arrière, je serais moins nerveuse que ces jours-ci sur les routes.

Et hop! Un cycliste qui ne fait pas son stop. Et vlan! Un piéton qui n'a pas attendu sa lumière pour traverser et qui a failli se retrouver en bouillie. Squiiiiiiiiiik, un coup de freins un peu abrupt, pouèèèèèèèèèèèt, la voiture d'en arrière qui s'impatiente parce que je ne vais pas assez vite (je ne suis quand même pas pour écraser cette maman et son p'tit monstre qui a décidé de traverser la rue alors que la main jaune flashait déjà depuis un bon moment)...

Finalement, on devrait enlever les panneaux de signalisation pour cyclistes. Ça ne sert visiblement à rien. Si même en rouge pètant et en jaune fluo, ils ne les voient pas, ils ne les verront jamais. Et puis, de toute façon, ça jure avec la palette de couleurs du paysage.

* * *

Merde. Plus de pain, plus de jus d'orange, plus d'oeufs.
Une petite tournée au centre d'achats du coin s'impose.

Re-merde. J'avais oublié: je n'ai pas la voiture aujourd'hui.

Bon. Il fait beau, j'ai un vélo, et surtout, j'ai faim. Je pense à apporter mon cadenas ET mon sac d'épicerie bio-équitable-réutilisable-en-tissu-biodégradable-fabriqué-au-
Québec, ce qui en soi est un exploit. Ça commence bien.

Je me rends jusqu'à l'épicerie, et jusqu'ici, tout va comme sur deux beaux pneus de vélo bien gonflés. Je retrouve l'emplacement du rack-à-bicycles sans problème, de même que le numéro de mon cadenas. On dirait que ça va être une bonne journée.

Première ombre au tableau: je recroise la même vieille dame que l'autre jour, celle qui m'a coupée à la caisse rapide en faisant pitié. Je vais devoir faire preuve d'une bonne gestion du temps pour ne pas arriver à la caisse en même temps qu'elle.

Deuxième imprévu: chemin faisant dans les allées, je me rends compte qu'il y a plein de trucs que je dois acheter... Mine de rien, un melon par-ci, une pinte de lait par-là, mon sac granole se remplit un peu plus que prévu. "Bah, que je me dis dans un élan de réalisme, j'en ai pour à peine 10 minutes de vélo..."

De retour sur ma monture, avec mon paquet sur l'épaule gauche et ma sacoche qui tient de peine et de misère sur l'autre, j'amorce mon trajet. Je n'avais pas pensé qu'une fois rempli à craquer, mon sac trop profond serait à ce point encombrant pour mon genou gauche. Et un coup de pédale, et un coup de genou sur l'épicerie... Pourvu que je ne casse pas d'oeufs.

Je n'ai pas encore tourné mon premier coin de rue que je me rends compte que j'ai oublié de rentrer élégamment mes bas de pantalon dans mes bas. Ils menacent de se prendre dans la chaîne du vélo à tout moment, alors je me mets à pédaler en écartillant les genoux un peu plus. C'est d'un chic, je vous assure.

Ça y est, la sacoche me tombe de l'épaule au creux du coude, elle pendouille et se balance, se frotte à la roue d'en avant en faisant un bruit tout ce qu'il y a de plus épeurant. Je m'arrête, replace mon arsenal, repars. Ça toffe 25 pieds et tout est à recommencer. D'la marde.

Plus que 2 coins de rue. Soudain, ça me frappe: aucun automobiliste n'a l'idée de se tasser, de ralentir, de me laisser traverser. Non, mais, ils voient bien que je suis mal foutue!! Avec mon gros sac, ma maladresse et mes genous tout croches, je dois être dure à manquer. Pourtant, c'est à mes risques et périls que je descends du trottoir pour rouler un peu dans la rue et traverser.
On dirait que je suis invisible.

Voilà, les méchants sont partout.
Décidément, l'enfer, c'est les autres ;O)

1 commentaire:

oThNiEL a dit...

Pouahhhhh!
La petite vie quotidienne est parfois bien cruelle! Je compatis!