jeudi 26 avril 2007

Crache le ca$h

Un matin parmi tant d'autres, je me lève, j'ai bien dormi, il fait beau, et pourtant, je ne vais pas bien.

JE N'AI PLUS RIEN À ME METTRE!

Bon, ce n'est pas vrai: il me reste bien 2-3 t-shirts un peu trop étirés à mon goût et la fameuse paire de jeans que j'ai bien dû porter 300 fois juste dans la dernière année. Super.

Ça fait des semaines que ça dure, chaque matin c'est la même chose, la même hésitation au moment de me couvrir de mes somptueuses fringues, si bien que je me retrouve généralement à passer le plus clair de mon temps en pyjama. Excellent pour le moral.

Je ne sais pas ce qui fait qu'à un moment donné, on sent que ça suffit, mais là, ça y est, l'étincelle surgit dans ma cervelle, ça a assez duré. Je suis dûe pour la salle d'essayage. Je ne fume pas, je ne bois pas (ou presque), je ne vais pas chez l'esthéticienne 2 fois par semaine, je fais mes mèches moi-même plutôt que d'aller chez le coiffeur, je ne vais pas en voyage dans le sud durant l'hiver, ma télé est plus vieille que moi et mon divan est tout ce qu'il y a de plus usagé, bref, je suis sage sage sage. Je pense que j'ai le droit de m'acheter du linge.

Je cours au centre commercial, j'entre et me dirige immédiatement vers mon magasin de prédilection. Vous savez, celui qui nous fait dire : "Pourquoi aller ailleurs?" ;O) Je fouine dans les rayons et sans me préoccuper des prix, j'accumule une pile de morceaux de toutes sortes, tant et si bien qu'au moment de me présenter à la salle d'essayage, la femme qui m'indique quelle sera ma cabine me demande, l'air ahuri: "... Euh... Combien de douzaines??

- Quatorze.
- Bon, alors, si vous avez besoin d'autre chose, appelez-moi...
- Merci, mais je pense que je devrais m'en sortir avec le tas que j'ai là!"

...

...

Essaye, enlève, ré-essaye, re-déshabille, rhabille...

Comme d'habitude, la moitié des trucs ne font pas.

Ne reculant devant rien, je me livre à l'exercice de la "razzia-prise-deux". C'est fou comme il y a toujours pleins de trucs intéressants qui nous échappent lors de notre premier passage dans les rayons, comme des phrases d'une chanson qu'on ne comprendrait bien qu'à la deuxième écoute.

Je me représente aux salles d'essayage armée de ma montagne numéro deux. Camisoles, pantalons courts pour l'été, blouses, petites vestes, tout y est.

La plupart du temps, le scénario est le même jusqu'ici, sauf que la fin prend généralement une tournure différente: après des heures d'essage et de confrontation visuelle en tête-à-tête avec mon reflet, je me retrouve bredouille, et je repars la mine basse avec mon ti-chandail en spécial à 10$.

Et là, je ne sais pas pourquoi, mais....

BINGO!!! J'ai gagné à la loterie des gens bien habillés: tout me fait comme un gant! Tant pis pour l'argent, je prends tout!

Je me pointe à la caisse, j'ajoute des p'tits bas à mon épicerie-de-linge-volume-club-price, et pendant que la caissière plie consciencieusement mes nombreux items, j'attends patiemment qu'on me dise combien ça coûte.

"Deux mille trois cent et vingt, s'il vous plaît."
- ...
- Madame?
- ... euh... C'est combien, vous avez dit?
- Deux mille trois cent et vingt... j'veux dire deux cent trente-deux dollars."

Et bien figurez-vous, l'espace d'une seconde, ça ne m'a même pas dérangée. Si j'avais eu les moyens, je pense que le deux mille dollars ne m'aurait même pas fait un pli sur la bedaine, tellement j'étais enchantée de dépenser pour me faire plaisir.

* * *

Avant de retourner faire ma traditionnelle parade de mode post-achat, je passe à l'épicerie chercher un pain. Oh bonheur, j'ose prendre le temps de me débarrasser de tout mon lourd petit change en payant, et ce même si déjà la file d'attente s'allonge derrière-moi. Et cerise sur le sundae, je me permets même de passer tout droit devant le quêteux du jour à la sortie, sans même le regarder, moi qui d'habitude perds de longues et précieuses minutes à écouter le baratin de tout un chacun avant de me confondre en excuses et de me sentir coupable de ne rien donner.

On a le droit, hein, de penser à soi? :O)

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