mardi 24 avril 2007

Être ou ne pas être...

J'avais plein de sujets rigolos pour vous ce soir, mais... comment dire... celui-ci s'impose de lui-même. Ce soir, je n'ai pas le choix. Pour les lecteurs en quête de divertissement léger, peut-être qu'une visite sur le site des Têtes à claques serait plus appropriée. (!)

Je suis retournée au gym aujourd'hui. Je dis "retournée", parce que j'ai été plutôt réservée côté entraînement depuis 2-3 semaines... Bon, je m'ennuyais des vestiaires tout propres de MON gym, et aussi des effets post-entraînement: les muscles endoloris dont on ne soupçonnait pas l'existence, la sueur, le repos et la collation mérités, tout ça. Donc, j'y suis allée.

Pédale, pédale, cours, pousse, lève, sue... Le tout sur un fond de musique poum-poum tout à fait stimulante. J'adore (ben quoi, on a tous un p'tit côté quétaine... non?)

Une fois la routine terminée, je m'en retourne au vestiaire, je marche d'un pas assuré, parce que j'ai toujours peur d'avoir l'air d'une pas-habituée-de-la-place. Donc, je fais comme quand je marche sur la rue passé minuit: je feins l'assurance. Une vraie sportive au-dessus de ses affaires. Je marche, et d'une façon ultra cool, je lève ma bouteille d'eau dans le but d'avaler ma dernière gorgée bien méritée... et dans le temps qu'il faut pour dire "pouet", je m'étouffe, mais alors là, pas à peu près, et paniquée par autant d'eau me passant par le mauvais trou, je crache violemment toute ma gorgée sur la céramique d'un plancher de douche qui passait par là.

Pour la grâce et l'élégance, on repassera!

Et là, (et c'est ici que mon sujet devient grave et sérieux) vous ne devinerez jamais la première chose que j'ai faite après avoir commis mon délit.

...

J'ai regardé à gauche, à droite, puis encore à gauche, comme quand on traverse la rue.

J'AI EU PEUR QU'ON M'AIT VUE!!

J'étais encore en train d'avoir cette agréable impression de mourir d'étouffement noyée par une gorgée d'eau, je toussais à m'en cracher les poumons, mes yeux rougis et larmoyants devaient sûrement sortir de leur orbite à chaque soubresaut de toux, et moi je regardais autour comme une dinde pour m'assurer qu'on ne m'avait pas vue!

Et bien, ça, les amis, c'est "ne pas être". Avoir honte d'une simple chose anodine, m'être étouffée avec de l'eau, sans même avoir fait exprès, tousser et faire du bruit, être là, exister.

* * *

M'en revenant du gym, j'arrête à l'épicerie. Je ramasse mes 2-3 trucs essentiels, me dirige vers la caisse supposée être rapide, je me mets en ligne et j'attends. Il n'y a pas trop de gens devant moi, ça ne devrait pas être long.

Une dame assez âgée arrive derrière moi. Sans même me regarder vraiment, elle me dit:
"J'ai juste une chose, c'est-tu correct si je passe avant?".

Bon, elle n'a qu'un truc. Mais moi, je n'en ai que 2-3... Elle pourrait attendre... Mais elle est âgée, ce qui, semble-t-il, est un argument de poids, puisqu'après un bref dialogue intérieur avec moi-même, je la laisse passer... pour ensuite me rendre compte qu'elle avait déjà au moins 5 articles de déjà déposés sur le comptoir, simplement elle en avait oublié un, qu'elle était retournée chercher sur les tablettes. Me semblait, aussi, qu'elle avait un air de madame âgée qui abuse des privilèges de l'âge en sortant son air de "je-fais-pitié-parce-que-je-suis-vieille".

Eh ben... Et moi, dans tout ça?
Moi qui étais justement dans une de ces journées où j'ai l'impression que c'est toujours inévitablement moi qui me tasse pour laisser passer les autres comme dans une séance de magasinage d'avant Noël beaucoup trop achalandée, et bien, je l'ai laissée passer, même si ça me faisait autant suer que ma séance de gym. Je n'étais pas pressée, juste tannée de toujours léguer ma place aux autres, de ne jamais dire non, de ne jamais dire ce qui ne me plaît pas, de devoir être gentille jusqu'à me sentir acculée au pied du mur. Évidemment, si j'avais refusé, je suppose que j'aurais été condamnée pour attentat à la vieillesse par les nombreux témoins de la scène, soit le sympathique pré-pubère préposé aux sacs ainsi que la tout-aussi-sympathique caissière. Assurément, j'ai bien fait d'opter encore une fois pour le "fermer-ma-gueule-et-ne-pas-être". Je ne voudrais pas me sentir obligée d'aller faire mon épicerie un coin de rue plus loin.

* * *

Plus tard dans la soirée, je m'en reviens chez-moi, et dans la voiture j'écoute une entrevue à la radio. C'est Christiane Charrette qui interview le comédien Fabien Dupuis. Il se livre sur le ton de la confidence avec nuance, bon goût et aisance, tellement que je monte le son et que je me mets à prêter plus attentivement l'oreille. Le constatant facile à faire parler, elle lui demande pourquoi il accepte de livrer aux médias autant de détails sur sa vie intérieure. Il répond, avec ma foi beaucoup de simplicité et d'acceptation de lui-même, que ça fait partie de la guérison, du processus. Se dévoiler. Arrêter de montrer ce qu'on pense qu'on devrait être, et montrer ce qui est: l'imperfection, les moins bons coups, ce qu'on pense, ce qu'on veut, ce qu'on ressent, d'où on vient, qui on est, ce que ça nous fait de vivre, bref, toute l'immense et fascinante partie de nous qui se cache sous ce qui paraît, sous la pointe de l'iceberg.

Être, ça pourrait être si simple, au fond.

5 commentaires:

Peter a dit...

Vraiment cool. Étais tu allée à la place Longueuil par hasard??????

L'infertile a dit...

Hihi!! Même pas!! C'était au p'tit métro pas loin!

Peter a dit...

J'aurais pas dit......

oThNiEL a dit...

Wow, je comprends pourquoi pourquoi on s'entend bien, j'ai la même petite insécurité fatiguante...c'est tannant hein???
t'es belle, t'es bonne, t'es fine, t'es capable!

L'infertile a dit...

Héhé, mets-en que c'est tannant!
Merci pour les "t'es bonne t'es fine etc. ", je te réexpédie le tout (au masculin bien entendu!) avec plein de sincérité :O)

A plus!